I 85
H
4
LE CALLITRICHE.
L e s nombreuses citations que l’on trouve dans les auteurs systématiques feraient
naturellement penser que les animaux qui en sont l’objet, ont été
vus par un grand nombre d’observateurs, et qu’en réunissant ce que chacun
d’eux a rapporté, on aurait, de la nature de ces animaux, une histoire complète.
Cependant il n’en est point, à beaucoup près, ainsi: dès qu’on examine
ces citations nombreuses et si variées on voit bientôt qu’elles ne sont qu’un luxe
d’érudition inutile, que de tous les auteurs dont elles rapportent les noms il n’y
en a qu’un fort petit nombre d’originaux, que les autres sont de simples copistes,
et que tout ce qu’on possède sur ces sujets, si complètement traité en
apparence, consiste en quelques observations isolées, souvent contradictoires
qui, presque toujours, plongent l’esprit dans une situation plus pénible encore
à supporter qu’une entière ignorance. Nous nous élevons avec d’autant plus
de force contre ce faste de citation qu’il n’a d’autres effets que d’induire en
erreur, d’affaiblir le zèle, et d’empêcher que de véritables richesses ne soient
acquises.
Tous les naturalistes modernes ont parlé du singe que l’on désigne communément
sous le nom de Singe Vert, et auquel Buffon a donné le nom de
C a l l i t r i c h e ; et comme il se trouve dans les îles du Cap-Vert, et dans la partie
de l’Afrique qui en est voisine, c’est une des espèces qu’on amène le plus fréquemment
en Europe. Cependant il n'en existe encore que trois figures faites
d’après des individus vivants, celle d ’EmvARDS, qui porte le nom de singe de l’île
de Saint-Jacques, et qui représente un très-jeune individu, vu de trois-quarts,
grinçant les dents, et par-là-tout-à-fait défiguré. Celle de Buffon, (t. XIV, pl. 3y.j
bien préférable à la précédente, vue de face, et dessinée d’après un Callitriche
adulte; enfin celle de M a r é c h a l (Ménagerie du Muséum d’Histoire naturelle)
vue également de face, la meilleure de toutes, et représentant un animal en-
tièrement développé.
Le C all itr ich e a les plus grands rapports avec le Malbrouck, que nous avons,
décrit dans une de nos précédentes livraisons; ils sont tous deux du même
genre : tout ce qui est propre à l’un dans les organes des sens, dans ceux du
mouvement, et dans ceux de la génération, est, sans nulle exception, propre
à l’autre, et ils ne doivent également que très-peu différer par l’inteiligence.
Aussi je ne rapporterai point ce que j’ai dit avec assez de détails sur ces
divers sujets dans l’article du Malbrouck, et je passerai immédiatement aux
caractères spécifiques.
La couleur du C a l l it r ich e , aux parties supérieures du corps, est d’un vert-
jaunâtre, comme son nom vulgaire l’indique, et provient de poils couverts d’anneaux
jaunes et noirs, sur lesquels le jaune domine; la face externe des jambes