LE CERF COMMUN.
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C ë bel animal, qui peuplait autrefois nos forêts, et dont la chasse fut toujours
un des plus agréables délassements de la grandeur ou de la puissance, ne se
trouve plus aujourd’hui chez nous qu’en petit nombre. Sa taille élevée, sa force,
l’agilité de ses mouvements, son naturel, demandent à-la-fois de vastes domaines,
des retraites solitaires, de riches pâturages; il ne peut se plaire ni vivre longtemps
où la culture s’étend sans cesse aux dépens des forêts, où le cultivateur
trouve dans les lois la garantie de son labeur et de sa propriété, où l’industrie
est constamment alimentée par toutes les tentations qui naissent de la civilisation
et du luxe; en un mot, où la nourriture et les vêtements ne suffisent plus
aux besoins de la vie, où les propriétés sont restreintes, et eù existe l’égalité
des droits-; aussi ne se rencontre-t-il plus en France que dans quelques forêts
isolées, où il est gardé et nourri pour l’exercice et les plaisirs de nos princes.
Il n’en est pas de même dans quelques autres parties de l’Europe : les forêts
de l’Allemagne sont encore peuplées de toute espèce de gibier; et le Cerf en est ^
toujours, comme le dit Buffon, le plus noble habitant.
Cet animal étant un des objets principaux de l’art de la chasse, il en est
peu dont l’histoire naturelle soit mieux connue; elle se trouve dans tous les
ouvrages de vénerie; et Buffon nous l’a retracée si complètement et d’une manière
si vive, nous l’a peinte avec de si riches couleurs, et y a rattaché des
pensées si justes et si profondes^sur nous-mêmes, que je crois devoir me
borner à rappeler la structure de cet animal et lçs traits principaux de son
caractère, c’est-à-dire ce qui est essentiel à connaître pour établir entre cette
espèce de Cerf et les autres une comparaison rigoureuse.
Le Cerf commun se caractérise par la forme de ses bois qui s’élèvent souvent
à plus de deux pieds au-dessus de sa tête, en s’écartant un peu dès leur naissance,
et en se recourbant en dedans pour se rapprocher ensuite par leur extrémité;
ces bois, lorsqu’ils sont tout-à-fait formés, ont deux ou trois andouillers à
leur partie antérieure, qui se dirigent en avant. L’extrémité se divise aussi, et ses
divisions, partant d’un centre commun, sont plus ou moins nombreuses, et
prennent diverses formes que l’on a désignées par les noms de couronne, d’em-
paumure, etc.
Le grand Cerf du Canada est le seul, parmi ceux qui sont connus, qui porte