TÊTES DE SAPAJOUS.
L orsque les espèces d’un genre se distinguent nettement l’une de l’autre, il
suffit de les représenter dans une seule attitude pour faire ressortir et rendre
sensibles leurs caractères : il n’en est plus de même lorsque ces espèces ont une
telle identité de nature , que leurs traits distinctifs ne tiennent plus qu’à de
simples nuances. Alors on est obligé de les représenter sous plusieurs aspects,
et de multiplier par conséquent les figures. C’est le cas où l’on sera peut-être
toujours pour les espèces du genre Sapajous, chez lesquels les caractères spécifiques
ont tant de traits de ressemblance , qu’on est encore incertain si l’on ne
doit pas considérer les petites différences qui les distinguent, comme les effets
de quelque influence locale, comme de simples différences de variété; et c’est
ce qui nous a déterminé à faire représenter de face les têtes de ces animaux.
Jusqu’à présent nous n’avions pas senti la nécessité de les rendre comparables
sous ce rapport, parce que chaque espèce nous semblait se caractériser assez
bien autrement; mais le Saï à grosse tête a dû nous faire changer d’idée, puisque
son caractère distinctif le plus remarquable se trouve dans la largeur de sa face.
Envisagés sous ce nouvel aspect, les autres Sapajous nous présenteront quelques
rapprochements auxquels nous n’avions point encore pu nous arrêter.
Au premier aspect, on voit les rapports intimes de formes qui existent entre
les Sajous bruns et gris et le Saï à gorge blanche, et les rapports des deux premiers,
quant à l’étendue et à la figure de la tache noire du sommet de la tête.
Cette tache, cependant, varie dans quelques individus ; mais je ne l’ai jamais
vue ressembler à celles des trois autres têtes. A cet égard, le Saï à gorge blanche
et le Saï à grosse tête se rapprocheraient; mais ils s’éloignent tout-à-fait par les
proportions des différentes parties de la face, qui, d’ailleurs, est entièrement
couleur de chair dans le premier de ces Sais, tandis qu’au contraire elle est
tannée autour du museau, et blanche autour des yeux, dans le second, comme
chez les Sajous. D’un autre côté, le Saï à grosse tête a les mêmes favoris et la
même barbe que le Saï proprement dit ; mais celui-ci, outre la forme très-
particulière de son crâne, qui le sépare de tous les autres Sajous, a constamment
la face d’un violâtre très-foncé, et qui devient quelquefois presque noir.
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