PÉCARI.
X je sentiment ou la perception des analogies, cette faculté sans laquelle l’homme
serait placé si bas dans l’échelle des intelligences, exerce une si grande influence
sur nos jugements, s’éveille en nous au moyen de si peu d’efforts, et conduit, à
si peu de frais, aux plus hautes spéculations, que nous sommes toujours portés
à lui obéir aveuglément, et à étendre notre confiance en lui fort ai^-delà des
limites que la raison prescrirait. On ne saurait dire toutes les idées faqsses qpi
se sont introduites dans l’esprit par l’extension exagérée donnée à l’analogie :
c’est elle seule qui a fait naître et qui soutient ces systèmes dans lesquels on
embrasse toute la nature, et qui sont encore moins propres à donner la mesure
de notre force que de notre faiblesse, et ce n’est que pour avoir conclu , d’après
elle seule, de notre intelligence à celle des animaux que, pour avoir admis,
des points de ressemblance qui existent entre eux. et nous, la ressemblance des
autres, que nous sommes tombés dans des erreurs si nombreuses sur toutes
les questions qui se rapportent à leur nature intellectuelle.
Aussi, nous plaçons presque toujours aux derniers rangs ceux dont les actions
annonceraient, dans l’homme en qui nous les observerions, une absence complète
de jugement et des penchants brutaux. C’est sûrement ce qui nous a
conduits, par exemple, à regarder le cochon, et tout,es les espèces qui lui ressemblent,
comme des animaux réduits à la plus faible portion d’intelligence,
et sous ce rapport, bien inférieurs à la plupart des autres rpammifères. /
Comment, en effet, supposer qu’un animal vorace, qui peut se nourrir des
matières qui nous semblent les plus dégoûtantes, qui se plaît à se vautrer dans
la fange, dont la voix, les formes et les mouvements ne sont pas moins grossiers
que les goûts, n’est pas dépourvu de cette flamme céleste dont les traces
sont si manifestes dans d’autres animaux, et qui chez l’homme paraît avoir
atteint un si haut degré d’indépendance? Le fait est que l’intelligence est, chez
les cochons, bien supérieure à celle dont nous les croyons capables ; ils se
placent, sous ce rapport, fort au-dessus des rongeurs et des ruminants* et même
d’un grand nombre de carnassiers; à cet égard ils nous paraissent égaler les
éléphants avec lesquels ils ont d’ailleurs tant d’autres rapports ; et si l’on poqvait
les placer dans les mêmes situations que ces animaux, leur demander les memes
services, nous ne serions point étonnés qu’ils les surpassassent.
J’a i e u la p r em i è r e p r e u v e d e l’in t e l l i g e n c e d e s c o c h o n s d a n s f e P é c a r i , q u e
j e m e p r o p o s e d e d é c r i r e i c i . J’a i p e u v u d e c h i e n s p lu s a p p r i v o i s é s , o u p lu s