2 MOUTO NS A G R O S S E QUEUE.
mais ce renflement ne paraissait pas très-considérable comparativement à l’autre
individu que l’on voit par derrière.
Celui-ci était originaire de la Haute-Egypte ; son chanfrein était presque droit;
ses oreilles, aussi de médiocre grandeur, étaient également tombantes et susceptibles
de mouvements volontaires; sa laine, toute blanche, était à-peu-près
de la même nature que celle de nos races de Moutons les plus communs; elle
était épaisse et frisée. Cet animal n’avait aucun vestige de cornes, et sa queue,
qui descendait très-bas, surpassait son corps en largeur; on voyait, de plus, au
milieu de cette masse énorme de graisse, comme une seconde queue, très-large
elle-même, et qui était formée d’un replis de l’extrémité de la queue qui, sans
le raccourcissement qui résultait de ce replis, aurait traîné jusqu’à terre. C’est
un individu de cette race qu’on trouve représenté, mais très-imparfaitement,
dans Scbreber, pl. 2p3.
Tels étaient les traits principaux de ces singuliers Moutons, qui paraissent
former des variétés constantes dans la race des Moutons à grosse queue. Il est
peu de voyageur^ et peu de naturalistes qui n’aient décrit ou fait représenter
quelques individus de cette race. Depuis Gesner jusqu’à Buffon, on pourrait
en citer cinquante figures ; mais elles n’ont pas toujours été présentées de manière
à les rendre comparables. La variété la plus remarquable est incontestablement
celle des Stèpes du midi de la Russie, que Pallas a fait représenter
( Spicilegio, Zoologica, fase. I I , pl. 4- ), et dont la queue paraît se réduire à
quelques vertèbres ; de sorte que la graisse qui la constitue presque entièrement
se compose sur-tout de deux grosses masses, plus ou moins arrondies, réunies
supérieurement, mais séparées à leurs parties inférieures.
Cette grosseur extraordinaire de la queue dans certains Moutons a fait naître
plusieurs conjectures sur la cause qui l’a produite; toutes se réduisent à l’attribuer
à la nourriture. Forster (Buffon, supp., t. III), le suppose de même; mais
de plus il rapporte un fait curieux, important à vérifier; il dit que la graisse
de la queue de ces Moutons reste liquide après avoir été fondue, et- qu’elle ne
prend pas la solidité de la graisse des autres parties.
Février 1820.