h
mW
LE CHACMA.
L e s quatre figures de Cynocéphales que nous avons publiées dans les livraisons
précédentes, représentaient toutes des animaux assez jeunes quoique adultes ; mais
on ne se ferait pas, d’après elles, une idée exacte des traits et de la physionomie
de ces animaux, si on ne les voyait pas en outre aux deux extrémités de la vie,
dans 1 enfance et dans la vieillesse : la différence qu’il y a entre un très-jeune et un
très-vieux cynocéphale est telle qu’on les prendrait à peine pour des espèces
dun même genre; aussi a-t-on commis beaucoup d’erreurs pour n’avoir pas
connu les nombreux changements que ces animaux éprouvent à mesure qu’ils
se développent. M. Geoffcoy-Saint-Hilaire a déjà redressé celles dont le mandrill
avait été l’objet. Les observations qu’il a faites sur cette espèce sont applicables
à toutes les autres; et les figures que nous donnons aujourd’hui d’un
Papion femelle très-jeune et d’un C h a c m a très-vieux, avec une tête de femelle
non encore adulte, rendront ces observations sensibles, et en feront mieux
apprécier toute l’utilité.
Il est extrêmement rare de voir vieillir des singes dans nos climats froids et
humides; et comme.ils ne peuvent s’habituer à la servitude que dans leur jeunesse,
ils périssent après peu de jours d’esclavage, lorsqu’on ne les prive de leur
iberte que quand ils sont adultes, que quand leur entier développement a eu
heu. C est pourquoi nous ne voyons guère en Europe que des cynocéphales très-
jeunes et ce sont eux qui nous ont donné les idées que nous avons de leur
naturel, idées si différentes de celles que nous aurions acquises, si nous les
avions vus entièrement formés; car au lieu de cette agilité dans les mouvements,
de cette elegance dans les formes, de cette pétulance dans le caractère qui nous
semblent essentiels à leur nature, ils ne nous auraient montré que des mouvements
lourds, des formes grossières, un caractère taciturne. Cependant les
jeunes et es vieux ont, dans chaque espèce, des rapports constants qui auraient
fait éviter une partie des erreurs où l’on est tombé, s’ils eussent été connus :
cest que, abstraction faite des différences dont nous venons de parler, ils se
ressemblent d ailleurs entièrement: chez les uns et chez les autres, les couleurs
et les principales formes sont tout-à-fait les mêmes.
Le Chacma qui a été le sujet du dessin que nous publions, était mâle, et appartenait
a M. C * f , qui l’avait eu fort jeune. Durant les premières années,
ses sauts, ses grimaces le rendaient supportable et amusaient même; mais bientôt
ses malices devinrent dangereuses, et il fut relégué et attaché par une forte
chaîne dans une niche, à l’entrée d’une cour. Là il fit l’office de chien de garde;
mais après dix ans, il devint, par sa méchanceté, la terreur de ceux même qui
e soignaient; ce qui obligea son maître à s’en défaire. Il pouvait avoir alors près-
de quinze ans. Ses proportions principales étaient les suivantes :
Hauteur au* épaules... . .‘ ........................... a pieds o pouces 4 lignes.
— train de derrière . . . . . i g z-
Longueur du bout du museau à l’occiput.. i o o
5 — de la queue.................................... , g