L’AGOUTI.
L ’idée de l’infini est si étroitement unie à l’idée de la création qu’on éprouve
toujours de l’étonnement lorsqu’on vient à être frappé des anomalies qu’on rencontre
par-fois dans les ouvrages de la nature, et qui semblent marquer le terme
de sa force, et fixer l’étendue de sa puissance. En général, nous la voyons varier
pour ainsi dire sans mesure et rapprocher de même, toutes les formes.que l’or-
gamsation peut revêtir, toutes les qualités dont les animaux sont susceptibles.
Les nombreuses combinaisons qu’il est possible de former dans l’organisation des
chiens, dans celle des chats, dans celle des martes, pour en varier les espèces,
ont peut-être été épuisées; et l’exemple que nous tirons de ces trois genres trouverait
cent autres preuves, si nous les cherchions dans le reste des êtres vivants.
Cependant on rencontre des animaux qui semblent isolés au milieu de tous les
autres, dont le système organique ne varie point, qui se montrent constamment
et par-tout les mêmes, en un mot qui constituent autant de genres qu’ils forment
d’espèces: on les dirait, en quelque sorte, les restes d’une création ancienne,
ou les commencements d’une création nouvelle ; et l’on doit remarquer peut-être
que la plupart des animaux fossiles appartiennent à ces genres si pauvres en
espèces, et qui font une exception si remarquable aux règles générales de la nature.
■_ Cest le cas de l’animal qui va nous occuper: Lui et I’A c o u c h i forment à eux
seuls un genre. « L ’A g o u t i , dit M. G. G u v i e r , de qui nous croyons devoir tirer ces
détails, est à-peu-près de la grandeur d’un lièvre; sa tête tient davantage de
celle du cochon dinde par la grosseur du museau et par l’applatissement du
sommet de la tête; les oreilles sont larges, courtes, minces, et presque nues;
le corps est plus gros en arrière qu’en avant; la queue ne forme qu’un petit
tubercule conique sans poils; les jambes sont fines et sèches; celles de devant
ont quatre doigts bien apparents, et un cinquième, dont on ne voit que
1 ongle ; celles de derrière n’en ont que trois, mais plus gros que les autres,
et armés de grands ongles plats et triangulaires : elles sont d’un tiers plus longues
que celles de devant; l’animal les tient presque toujours à demi-ployées; le poil
est de longueur médiocre, rude, entièrement soyeux, et d’ordinaire serré contre
le corps; ceux de la croupe sont un peu plus longs que les autres; la couleur
de ces derniers est d’un fauve-orangé assez vif; celle du dessus du corps est un
mélange de brun-fauve et de noirâtre; le dessous est un jaune tirant sur le
gris et sur le roux. La partie dorsale est plus noirâtre que le reste; les jambes
sont presque entièrement noirâtres. Les dents incisives de I’A g o u t i sont d’un
jaune-foncé, ses molaires, au nombre de quatre de chaque côté, tant en haut