L E DAIM.
L e s m am m i f è r e s d e s p a y s froids, e t t em p é r é s p r é s e n t e n t généralement un
phenomene dont hmportance ne paraît pas avoir été sentie, puisqu’il n’a fait
jusqu à-présent, le sujet d’aucune recherche spéciale; ce sont les changements
quéprouvent les couleurs du pelage, suivant les saisons; phénomène dont le
Daim nous offre un exemple des plus remarquables. On sait qu’en général le
froid fait blanchir les poils de certains animaux. On trouve dans le nord des
lievres blancs ; la couleur rousse de l’écureuil s’y change en gris ; le renne
brun en été, devient blanchâtre en hiver; et si les mammifères, moins avancés
vers le pôle, ne montrent pas des changements aussi considérables, ceux
qu’ils éprouvent ne sont souvent guères moins sensibles. Le Gerf commun prend
en automne un poil d’un brun moins brillant que celui qu’il avait en été- le
Cerf de Virginie, d’un beau fauve-canelle dans cette dernière saison devient
cendré en lnver, et l’on sait que le Daim échange, à l’approche des froids
son pelage fauve, agréablement varié de taches blanches, contre un pelage
d’un brun sale et uniforme. Au contraire , il paraîtrait que les animaux des
tropiques ne sont point sujets à ces variations ; e t , pour ne parler que des
Cerfs , l’Axis conserve constamment son pelage tacheté , et une Biche de la
presqu’île de Malaca, dont j’ai parlé dans une précédente livraison, n’éprouvait
aucun changement à l’approche de nos hivers : elle gardait les mêmes couleurs
durant tout lè cours de l’année. La différence dans la température est,
si non la cause, du moins l’occasion de ces changements ; mais comment lè
froid ou la chaleur agissent-ils sur la peau , ou sitr les organes producteurs
des poils? quel est l’état de ces organes dans l’un et l’autre cas; et pourquoi
la matière qui colore le pelage dififere-t-elle plus dans une saison que dans
une autre? Des recherches anatomiques Conduiraient peut-être à la solution
de ces importantes questions, et mettraient en notre puissance, c’est-à-dire,
avec les moyens de la diriger, une des forces les plus actives de la nature.
Il nest personne en Europe qui ne connaisse le D a i m , cette espèce du
genre Cerf, c’est-à-dire ce ruminant dont la tête est armée d’une production
osseuse nommée bois , et qui se caractérise spécifiquement par des bois divergents,
aplatis devant, en arrière à leur partie supérieure, postérieurement
dentelée ; par le bas du merrain arrondi avec deux andouillers à la face
antérieure , dirigés en avant ; par un mufle glanduleux, des larmiers, et l’absence
des canines. En effet, les couleurs du pelage ne distingueraient qu’im