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LE MAKI A FRONT BLANC.
. O n a pu conclure de plusieurs phénomènes importants, que la nature dan<
son économie avait bien plus pour objet la conservation des espèces que celb
des individus. En effet, de tous les besoins, celui de la reproduction est le plus
impérieux; es plus forts s’affaiblissent dès què celui-là se fait sentir, et l’acte
par lequel il est satisfait, remplit, pour certains animaux, le cercle entier de
.leur vie, ou est pour d’autres le but définitif de toute leur existence. Le papillon
maie naît, fécondé sa femelle et meurt, et il en est de même d’un très-grand
nombre d’autres insectes; l’accouplement de deux espèces différentes ne produit
rien, ou donne naissance à des races qui ne peuvent pas se conserver; et lors-
qu une variété est très-éloignée de sa souche primitive, elle-même perd la faculté
de se reproduire. Cependant il est une loi qui semblerait encore plus générale
et plus importante: si la nature met un grand prix à la reproduction des animaux,
elle paraît en mettre un plus grand encore à la conservation de leur
liberté. On ne voit aucun animal s’accoupler tant qu’il sent le poids de l’esclavage,
lors même qu’il en éprouve le plus impérieusement le besoin. C’est en vain
que dans les ménageries on réunit les animaux sauvages les mieux portants et les
plus disposés en apparence à s’abandonner aux désirs de l’amour; si l’esclavage
n’est pas devenu pour eux, par l’effet de l’habitude, une seconde nature, ils
restent constamment étrangers l’un à l’autre; et l’on dirait même que tout ce
qui tient à l’instinct, dans l’acte de la génération s’est effacé de leur entendement
: il nest pas rare, lorsqu’ils se sont familiarisés avec les étroites dimensions
de leurs loges, de les voir faire, pour s’unir, des tentatives tout-à-fait contraires.
à celles que demanderait pour cela leur conformation. Aussi l’on
regarde comme une circonstance extrêmement favorable l’accouplement de ces
animaux en esclavage : car non-seulement il est rare qu’ils s’unissent dans cet
état, mais encore il serait impossible, s’ils jouissaient de leur liberté naturelle,
d’observer exactement les conditions et les résultats de leur union. Les M a k i s , '
dont nous devons donner ici la description, habitués sans doute à être renfermés
dès leur jeune âge, se sont accouplés et ont donné naissance à un petit, que
la mère a allaité et soigné comme si elle eût joui de la plus entière liberté.
Le M a k i a front blanc n’est connu que depuis que M. G eo f fr o y -S ain t -H y ia ir e
en a donné les caractères dans le Magasin Encyclopédique (tom. i , pag. 29.) ,
et que A uDeb er t en a publié une figure dans son Histoire naturelle des singes
( M a k i s , pl. 3.) d’après l’individu empaillé qui avait servi à M. G e o f f r o y . Depuis
cette époque l’espèce avait été admise, mais elle n’avait pas été revue, et
e e ne reposait toujours que sur l'individu qui avait primitivement été décrit.
Vers la fin de 1 8 1 6 j’eus occasion d’acquérir deux M a k i s à front blanc, mâles,