crainte semble être d’une nature toute particulière ; ce sentiment, qui n’est
que celui de sa propre conservation, est toujours chez les animaux sauvages
l’effet d’un danger apparént, et il est constamment accompagné du besoin de
résister lorsque la fuite ést cleveriu'ê' impossible. Notre C h a c a l , au contraire
semblable à un chien s qui craindrait les châtiments de son maître, fuit lorsqu’on
l’approche , mais dès qu’on peut l’atteindre, on le touche de toutes les
manières, sans qu’il se défende, et qu’il montre le moindre désir de nuire. Cette
apparente contradiction semble être le résultat du sentiment naturel qui le
porte à se défier d’une espèce étrangère, et de la connaissance qu’il a acquise,
qu’elle ést sâris danger pour lui; c’est peàt-être l’état le plus voisin de l’appri-
voisement absolu1. Ori voit beaticoiip d’animaux qui ne fuient point en présence
des hominesi, ruais qui ne s’én laisseraient point toucher; d’autres qui,
ne fuyant également personne, rie recevraient que les caresses de ceux qu’ils
sont habitués à voir, ët qui les soignent ; mais il est rare d’en rencontrer qui
les fuient', et qui s’én laissent toucher. Dès que notre C h a c a l connaît les personnes
qui l’approchent, il ne s’éloigne plus d’elles; il vient même au-devant de
leurs car'éssés;' et il a donné une grande preuve de sa docilité én se laissant
amener en laisse, du Havre à Paris, dans une voiture publique.
Cette grande facilité et de s’apprivoiser et de se soumettre, que l’on remarque
dans quelques C h a c a l s , tendrait à confirmer l’idée de quelques naturalistes qui
ont pensé qué cette espèce“étaît la soucFfe'cfu ohien domestique. En effet , l’organisation
des C h a c a l s est entièrement semblable à celle des chiens, et lorsque
ceux-ci rentrent à l’état sauvage, ils vivent tout-à^fait à la manière des C h a c a l s :
ils forment des familles nombreuses, se creusent des terriers, se nourrissent de
charognes, ou poursuivent de concert leur proie. Mais une différence essentielle,
c’est que les C h a c a l s répandent une odeur si forte et si désagréable ,
qu’elle seule aurait empêché les hommes de rapprocher d’eux ces animaux pour
en faire leurs compagnons , et en quelque sorte leurs commensaux; et rien
n’autorise à penser que la domesticité ait modifié les C h a c a l s au point de leur
faire perdre cette mauvaise odeur.
Quelques voyageurs avaient parlé de ces émanations infectes des C h a c a l s ,
mais d’autres n’en ayant rien d it , j’avais été porté à croire qu’il y avait de
l’exagération dans le rapport des premiers, c’est pourquoi je penchais à admettre,
dans l’article Chien du Dictionnaire des sciences naturelles, l’idée que le C h a c a l
était la souche du chien domestique. Aujourd’hui que j’ai pu me convaincre
par moi-même que la présence d’un seul C h a c a l suffirait pour empoisonner une
habitation, je pense que cette idée n’a aucun fondement.
Les C h a c a l s ont toujours été comparés aux renards ; ils n’appartiennent cependant
point à cette classe d’animaux essentiellement nocturnes ; ce sont de
véritables chiens : comme eux ils ont une pupille ronde et des yeux simples,
c’est-à-dire sans organes accessoires, mais très-petits; des narines qui s’avancent
jusqu’au bout, du museau , et qui s’ouvrent au milieu et sur les côtés d’un
muffle ; des oreilles pointues avec un lobule au bord externe; une langue très-
doucé, et quelques moustaches à la lèvre supérieure, au-dessus des yeux et à
côté des joues. Les pieds ont quatre doigts complets, mais les antérieurs ont
o
le rudiment d’un cinquième doigt au côté interne, et l’on voit à ces mêmes
pieds une produetmn cornée derrière l’articulation du poignet- les ondes ,
épais et courts; les testicules sont pendants dans leur scrotum , et v “
dirigée en avant. Ils ont à chaque mâchoire six incisives et deux c a n n e s !
molaires sont au nombre de sept de chaque côté de la mâchoire inférieure
quatre fausses molaires, la carnassière, et deux tuberculeuses ; et au nombre de
B H B H M r laires> la H «
celle des renards; les poils soyeux sont’épais et dûs6” « d w T lo ^ feSSembIe à
et l’on voit quelques poils laineux, quoique en pmite q u a „ Ï ' Z ^ s I s T a ’
bitude du corps des Chacals, leurs mouvements, l’usage qu’ils Z t de le „ “
sens les ressources qu’ils tirent de leur intelligence , l’instinct qui les porte
a cacher ce qu, leur reste d’aliments après qu’ils sont repus, lesmpprochem
entièrement des chiens; c’est pourquoi nous renvoyons, p l r ne pal nousTé
peter , a ce que nous aurons à dire de général sur ces animaux.
L mdtvidu que nous décrivons avait la taille et la physionomie d’un chien de
beiger, ses proportions étaient les suivantes :
Du sol à la partie la plus élevée du dos, . • , K ' ..
de l’origine de la queue à la base des oreilles, . . . . . ! IQ “ CeS *
de la base des oreilles au bout du museau ........................... 6
de la plante des.pieds de d em è r e à la base de la queue, 10
de la plante des pieds de devant au c o u d e , .
de la base des oreilles au b o u t ..................... ^
de la base de la queue à son origine .............. 7
La tete, le cou , les côtés du ventre, les cuisses, et la face externe de,
membres et des oreilles, sont d’un fauve sale. Le dessous et les côtés de la ma
■ B R I \ 13 lèVre S B f l 'e I H “ u et du vent"
la face interne des membres sont blanchâtres. Le dos et les côtés du corps’
depuis les épaules jusquà la croupe,'sont d’un gris jaunâtre qui tranche ave!
les couleurs environnantes. La queue est mélangée de poils fauves et de poils
nous, et ces derniers dominent à son extrémité; le muffle et les ongles sont
B a iM i des H fauve-En générai’ces — ■■
ment s’exnrf “ 4 qU6 1 Ü H deS ment s exprimer, mais qui en rendent la teinte npUeuan cuensi f|orm ePavent difficileLe
C h a c a l est une des espèces peut-être dont les voyageurs, et ceux qui se
o l O n Z ’ 7 na‘Ur ’ ° n* 16 plUS’ pa,lé depuis A,USTOTE jusqu’à nos
■ On n a cependant encore sur leur histoire que des notions assez superficielles.
On n est entre dans aucun détail sur leurs moeurs et leur naturel et
■ H M H S an,maux qu’on croit connaître, ils ont presque amant
besoin dêtre étudiés que. s’ils n’avaient encore été vus que par un L , obser-
Les Grecs nominaieht le C h a c a l loup doré, ce qui a été imité par les au-
S . P3: ““ M danS IeS ,annues ¿’Orient il porte ceux de Jakal
Tschakka], et celui de Ben-Awi, suivant Eldemire, chez les Arabes. A la côte
de Malabar il est nommé Nari, M. L e c h e n a u l t le confirme.
Janvier l8rg.