très-longue à proportion de son corps, descend de trois pouces plus bas que les
pieds lorsqu’elle est tout-à-fait pendante. Toutes les parties supérieures de son
corps et sa queue sont d’un gris-fauve uniforme, dont la teinte est très-douce *
et cette couleur résulte des anneaux fauves et blancs dont la partie visible des
p o ils est généralement couverte: cependant quelques-uns de ces aniieaux sont
noirs * les membres sont entièrement fauves * le bout de la queue est noir, et
l’on voit à trois pouces de l’origine de cet organe, à sa partie supérieure, une
petite tache noire. Toutes les parties inférieures du corps sont d’un blanc-jaunâtre.
Le Chacal proprement dit est du double plus grand que le Corsac, et sa
queue ne descend que jusqu’à ses talons. Le pelage des parties supérieures de
son corps se compose aussi de poils couverts d’anneaux alternativement noirs,
fauves et blancs* mais il n’en résulte point cette teinte grise uniforme et douce,
propre au Corsac* dans quelques points elle est plus foncée, dans d’autres moins,
sans que cependant il y ait rien de régulier dans la distribution de ces différentes
teintes : sous ce rapport, le Chacal ressemble assez au Loup. Cette couleur
grise pâlit sur le cou, les épaules et les cuisses, et les jambes sont fauves. La
queue est d’un gris-brun, et noire à son tiers inférieur. Le dessous du corps
et la face interne des membres sont d’un blanc-sale.
Le Mésomélas est aussi gris et fauve* sa taille est à peu près celle du Chacal,
et sa queue descend presque jusqu’à terre. Ses poils du dos, comme ceux des
espèces précédentes, sont recouverts d’anneaux fauves, noirs et blancs * mais
comme ces anneaux sont généralement très-larges, il en résulte une teinte encore
moins uniforme que celles des parties supérieures du Chacal : ce sont des plaques
irrégulières de blanc et de noir, qui tranchent fortement entre elles et avec le
fauve brillant des autres parties. Sa queue, de couleur fauve, a aussi son extrémité
noire* la couleur du dos qui, en avant, descend jusque sur les épaules, va
se rétrécissant en arriére, de sorte que, sur la croupe, elle n’a plus que deux
pouces de largeur* et les oreilles du Mésomélas sont du double plus grandes que
celles du Chacal.
Ces trois espèces étant bien caractérisées, je pourrai sans peine caractériser
celle dont je publie aujourd’hui le dessin. On voit qu’elle ne pourrait être confondue
qu’avec le Chacal: elle est beaucoup plus grande que le Corsac, et n’a pas
la tache dorsale triangulaire du Mésomélas. Or, cet animal nouveau diffère essentiellement
du Chacal, comme le rapprochement des figures de ces deux animaux
le fait déjà voir, et comme la description suivante le fera mieux voir encore.
Ses proportions sont plus élégantes que celles du Chacal, et ses formes plus
légères* il a i5 pouces de hauteur à la partie moyenne du dos* son corps, de
l’origine de la queue à la naissance du cou, est de i 4 pouces* sa tête, de l’occiput
au bout du nez, a 7 pouces, et sa queue a 10 pouces. Son dos et ses
côtes sont couverts d’un pelage gris-foncé, sali de quelques teintes jaunâtres ;
les poils étant couverts d’anneaux noirs et blancs, parmi lesquels s’en trouvent
de fauves* ce gris n’est point répandu uniformément, ce qui vient de la longueur
des poils qui se séparent par mèches, et offrent à la vue tantôt le blanc,
tantôt le noir des poils. Le cou est d’un fauve-grisâtre qui devient plus gris
encore sur la tête, et surtout sur les joues, au-dessous des oreilles. Le dessus
du museau, les membres antérieurs et postérieurs, le derrière des oreilles et
la queue sont d’un fauve assez pur* seulement on voit une tache noire longitudinale
au tiers supérieur de la queue, et quelques poils noirs, mais en trés-
petit nombre, sont à son extrémité. Le dessous de la mâchoire inférieure, la
gorge, la poitrine, le ventre et la face interne des membres sont blanchâtres.
Les poils sont très-longs sur le dos et sur la queue, un peu moins sur les côtes
et sur le cou, et ras sur la tête et les membres; en général, il se dirige d’avant
en arriére, excepté entre les jambes de devant, d’où il revient d’arrière en avant.
Toutes les allures de cet animal sont celles du Chien; il porte habituellement
sa queue comme notre dessin le représente; mais, lorsqu’il éprouve quelque
crainte, il la ramène tout-à-fait entre ses jambes, et il montre ses dents. Cepen-
pant cet état menaçant n’annonce point la colère : dès qu’on le rassure par
quelques paroles, il s’approche, et tout en grinçant, il lèche les mains. Sa voix
est assez douce; c’est un son prolongé, et non pas un aboiement éclatant comme
celui de notre Chacal; lorsqu’il éprouve un désir, son cri est doux comme celui
des jeunes Chiens; et s’il entend d’autres animaux crier, il crie lui-même. Il
répand une odeur assez forte, mais infiniment moindre que celle du Chacal.
Toutes les autres parties de son organisation sont semblables à celles des Chiens
en général; c’est pourquoi je ne répéterai pas ce que j ’en ai déjà dit à l’article
du Chacal, en attendant que je traite des caractères génériques de ces animaux.
Les voyageurs ont sans doute parlé de cet animal, qu’ils ont dû confondre avec
le Chacal; il est un point cependant sur lequel ils ne sont pas d’accord, et qui
pourrait tenir à ce que parmi eux il en est qui ont entendu parler de notre
espèce nouvelle. Les uns rapportent que le Chacal répand une très-forte odeur,
ce qui désignerait le Chacal proprement dit; les autres affirment au contraire
que le Chacal ne répand presque aucune odeur, ce qui pourrait se rapporter à
celui qui a fait le sujet de cette description.
Cette nouvelle espèce de Chien n’ayant point encore de nom propre , je proposerais
de lui donner dans les catalogues méthodiques celui SAnthus, nom d’une
famille dArcadie, dont un individu était chaque année métamorphosé en Loup,
suivant la croyance des habitans de cette contrée (Pline, liv. VHI).
Juin 1820.