LE DRILL.
C e t t e espèce de quadrumane n’était point encore connue des naturalistes
et n’avait jamais été représentée, lorsque nous publiâmes, dans le tome IX dei
Annales du Muséum d’Histoire-Naturelle, la figure d’un très-jeune Drill femelle
que nous avions vu vivant , et que nous désignâmes alors par le nom d<
Leucophea.
Depuis cette époque, nous avons possédé un mâle et une femelle adultes de
cette espèce; de sorte que toutes les incertitudes qui pouvaient encore restei
sur la réalité de son existence sont dissipées. Le Drill a tant de ressemblance
avec le Mandrill, que c’est à cette cause sans doute qu’il faut attribuer le peii
d’attention qu’on y a fait jusqu a présent ; l’un a été pris pour l’autre, et en effet
le caractère le pW apparent qui les distingue, c’est que le'premier a la face
entièrement noire, tandis que le second a le nez rouge et les côtes saillantes,
des joues d’un beau bleu de ciel.
La nouvelle figure du Drill que nous publions aujourd’hui, montre assez que
cet animal appartient au groupe des singes à tête de chien, des cynocéphales
En effet, il a tous les caractères de ce sous-geure : des dents au nombre d<
trente-deux, seize à chaque mâchoire, c’est-à-dire quatre incisives, deux caninei
et dix molaires-, dont les dernières inférieures ont un talon; des narines sam
muffle, placées à l’extrémité du museau, des abajoues, des fesses nues avec dei
callosités, des membres à-peu-près d’égale longueur, des oreilles pointues, un
front très-effacé, des sourcils qui couvrent les yeux, des côtes saillantes sur le-
joues, et enfin le naturel grossier et brutal qui est commun à tous les autres
cynocéphales. Ses yeux sont semblables à ceux des autres singes, à tous égards-
ses narines ont le caractère qui est particulier à celles des Mandrills, c’est-à-dire
qu elles se dirigent un peu en arrière; ses oreilles sont sans hélice, proprement dit
ses Ievres minces, entières, et sa langue est douce. La verge, dont le gland es!
pinforme, se retire et se cache dans le scrotum, qui est volumineux et pendant
Lindividu maie que je publie, avait deux pieds deux pouces du sommet de
la tete aux callosités, et sa hauteur au train de derrière était de 22 pouces - sa
tete, mesuree de son sommet au bout du museau, avait 8 pouces 8 lignes’ et
sa queue, semblable à celle des Mandrills, atteignait à peine à 3 pouces Toutes
les autres parties du corps étaient, comparativement aux autres cynocéphales
dans la proportion des mesures que nous venons de donner. Mais cet individu’
quoiqu adulte, était jeune, et promettait de croître encore; ses canines n’avaieni
point toute la longueur et toute la force qu’elles devaient acquérir, et sa doci-
ité comme sa pétulance, montraient qu’il avait encore plusieurs modifications à
prouver, pour arriver à son entier développement: