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LE KANGUROO GÉANT.
B u f f o n , qui ne commit jamais d’autres erreurs que celles du génie, avait
bien reconnu que chaque continent présentait, relativement aux animaux, l’aspect
d’une nature, d’une création particulière; mais il donna à cette règle une
généralité quelle navait pas. Toutefois jusqu’à-présent elle conserve une partie
de sa force dans certaines limites. Un grand nombre d’animaux d’Asie ne se
trouvent point en Afrique, et réciproquement; les Makis ne paraissent exister qu’à
Madagascar ; l’Amérique est peuplée d’une foule de mammifères qui lui sont
exclusivement propres, et l’Europe en a aussi qui lui appartiennent sans partage.
La découverte de l’australe Asie est venue ajouter une nouvelle autorité à
la loi que Buffon avait déduite de ces faits. Non-seulement les espèces d’animaux
qu’on y a découvertes ne ressemblent point à celles des autres continents; mais
elles appartiennent au contraire, pour la plupart, à des genres tout-à-fait différents.
Tels sont les mammifères que les naturels de la Nouvelle-Hollande
nomment Kanguroo et qui, en effet, présentent des particularités organiques
qu’aucun autre animal n’avait encore offertes aux observations des naturalistes
, à l’exception d’une seule espèce. Ce sont eux qui, pour la première
fois , nous ont montré des animaux se servant de leur queue comme d’une
troisième patte de derrière, pour se tenir debout et pour marcher. L’espèce
qui fait le sujet de cet article a reçu le nom de géant, parce qu’elle est la plus
grande de celles qu’on connaît. C’est Cook qui la découvrit dans son troisième
voyage.
Le Kanguroo que nous représentons avait les dimensions suivantes : de l’origine
de la queue à l’extrémité du cou, 2 pieds 1 pouce; de la partie postérieure
de la tête au bout du museau, 5 pouces; la jambe a 1 pied 2 pouces
8 lignes; le pied, 10 pouces; le bras, 8 pouces; la main, 2 pouces 4 lignes;
et la queue , 2 pieds. Cependant il y en a de plus grands.
On voit que les extrémités antérieures sont sans aucune proportion avec
les postérieures, aussi l’animal ne s’en sert-il pas proprement pour marcher;
il se pose dessus lorsqu’il broute et qu’il n’a besoin de s’avancer qu’avec
lenteur; mais dès qu’il veut hâter sa marche et sur-tout courir , il emploie
ses pieds de derrière et sa queue; alors en détendant simultanément ces organes
il fait des sauts très-considérables, et se soustrait aisément à ses ennemis ,
qu’il n’aurait d’ailleurs aucun moyen de combattre ; ses mains sont d’une