bue, plus qu’aucun autre de ses caractères physiques, à lui donner cet air
grave et imposant qu’on lui reconnaît. Tous ces poils paraissent soyeux : les
laineux sont fort rares.
Les yeux du Lion ont la pupille diurne, et la conque externe de leur oreille
est petite, arrondie et à lobule au bord externe , comme cèlle du chat domestique
; leurs autres sens ne diffèrent point de ce qui se voit chez les
chats , et il en est de même de leurs organes du mouvement, de ceux de
la génération et des dents.
Ce Lion avait fini par s’apprivoiser et par être très-docile pour son maître ;
mais cette soumission n’avait été obtenue que par la violence. Dans sa jeunesse,
il était porté à la férocité, et les bons traitements l’adoucissaient sans le soumettre;
cependant son gardien voulait qu’il obéît à sa voix, et la douceur ne
réussissant pas, il eut recours aux châtiments. Ses premiers efforts furent pénibles;
il fut plusieurs fois sur le point de renoncer à son projet ; mais enfin il
parvint à rompre le caractère de son Lion, à lui faire connaître la crainte par
la douleur, et à s’en rendre tout-à-fait le maître. Dès lors cet animal apprit à
obéir à certains commandements, et put être offert en spectacle par son maître,
que le public se plut à récompenser; mais ce Lion porta toute sa vie les traces
des coups qu’il avait reçus, les cicatrices des plaies que les coups "de fouet lui
avaient faites.
La Lionne, arrivée à l’âge adulte, ne différait de son maie que par 1 absence
de la crinière, des proportions plus allongées, et une tete plus petite. Sa douceur
était aussi plus grande, et son affection pour son gardien plus tendre.
Jamais ce sentiment n’a même été. exprimé, par un animal, dune manière
plus vive qu’il ne l’était parK cette Lionne. Lorsqu’elle s y livrait, elle le manifestait
à-la-fois par la joie pétulante du chien et par les mouvements délicats
et moelleux du chat; et sa confiance naturelle était si grande que, sans
la crainte d’effrayer, on aurait pu lui laisser la plus entière liberté: jamais on
ne l’a vue montrer le moindre sentiment de malveillance, excepte lorsquelle
fut mère et qu’elle crut avoir besoin de défendre ses petits. Vers sa sixième
année, cette Lionne entra en chaleur, et le Lion partagea aussitôt le meme
besoin , qui d’abord se manifesta chez l’un et chez l’autre avec assez de
calme; mais bientôt sa violence devint épouvantable. La femelle ne cédait quà
la force, et il en résultait des luttes qui obligèrent de renforcer la loge où ces
animaux étaient renfermés, quoiqu’elle: fût construite en forts madriers et en
maçonnerie. Cet emportement du Lion était porte au dernier terme et passait
toutes les bornes de l’imagination lorsqu’on se montrait à lui: il était impossible
alors de ne pas frémir d’effroi à la violence de sa fureur et à la force de ses
rugissements; l’on ne pouvait sur-tout, dans ces instants terribles, se defendre
de cet étonnement muet, dans lequel pos facultés semblent suspendues, èt qui
nous saisit à la vue de tous les grands spectacles de la nature. Cet état dura
environ huit jours pendant lesquels ces animaux ne mangèrent presque^rien; le
calme revint, et après deux mois la Lionne avorta. A cette époque«* ses petits
n’avaient pas encore de poils. Vingt à vingt-cinq jours après, elle redevint en
chaleur et fut de nouveau couverte; et au bout de cent et huit jours, elle mit
bas trois Lionceaux mâles, qui avaient les dimensions suivantes:
Longueur du corps, de l’origine de la queue à l’occiput 8 pouces » lignes.
de la tête, de l’occiput au bout du museau 3 a g #
— de la queue........................ §j§ g s . g
Hauteur du train de devant...................................... * g # g #
■— de derrière g B g _
Aucune trace de crinière ne se remarquait sur ces jeunes animaux , et leur
queue n’était point terminée par un flocon, comme celle des fions adultes.
Tout leur corps était uniformément couvert d’un pdïl assez touffu, à demi-
frisé, et non point lisse comme celui des vieux individus, et d’un fauve, sali
par du noir et du gris, qui provenait d’anneaux de ces diverses couleurs répartis
sur chaque poil. C’était le fond de la couleur de ces animaux ; mais
sur.ce fauve se voyaient, le long du dos et de la queue, des bandes noires, transverses
et parallèles les unes aux autres , qui, réunies à leur partie moyenne
produisaient une ligne longitudinale depuis le derrière de l'a tête jusques vers’
l’extrémité de la queue; sur la tête et les membres, il y avait des taches
noirâtres, de diverses formes, plus ou moins nombreuses et assez irrégulière-
- ment distribuées. Le derrière des oreilles était tout noir. Les parties inférieures
et les côtés du .corps étaient plus pâles que les supérieures, et des moustaches
assez fortes garnissaiept les lèvres.
Ces animaux naquirent les yeux ouverts; mais la conque externe de l’oreille
nétait point encore droite; elle était à demi-couchée, et'ce ne ' fut qu’après
deux mois environ que les muscles eurent acquis assez de force pour la redresser
; ’ les ongles n’étaient point complètement relevés non plus, comme
ils le sont chez les adultes; ils se montraient en partie: petit à petit ils se cachèrent;
mais ils ne le furent entièrement relevés que vers le sixième mois. Dès
les premiers moments de leur naissance, ces Lionceaux reçurent les plus <mands
soins de leur mère, qui perdit dès-lors une grande partie de sa confiance. Son
gardien pouvait encore entrer près d’elle; mais elle était menaçante, et un degré
de défiance de plus l’aurait rendue cruelle. La gêne oii elle était, les bornes
étroites de sa loge, le mouvement des personnes qui se trouvaient sans cesse
autour de son habitation, réveillèrent en elle un instinct qui s’observe souvent
chez le chat domestique: portée à soustraire ses petits à tout danger et
à les cacher dans quelque profonde solitude, elle les prenait dans sa gueule
et les transportait ainsi des heures entières, en tournant dans sa loge et en
manifestant une vive agitation. Cette sollicitude de notre Lionne pour ses petits
commença à s’affaiblir vers le cinquième mois, et peu après elle entra de nouveau
en rut. Elle fut réunie à son mâle, et donna naissance à deux femelles
dont la portée dura à-peu-près le mêmè nombre de jours que celle des trois
maies dont nous venons de parler. :
Pendant le cours de la première année, la livrée des Lionceaux commence
déjà à séffacer; les bandes dorsales disparaissent à-péu-près avec la première
mue ;^les taches de la tête s’effacent ensuite , et ce sont celles des membres
qui disparaissent les dernières; ce n’est même qu’après l’état adulte, qu’elles
disparaissent entièrement. Cet état arrive vers la cinquième année, comme nous
avons vu; mais la crinière des mâles commence à paraître dès la troisième,
et cest vers la septième ou la huitième qu’elle se montre dans tout son déve-
oppement. A un an, les canines commencent à pousser, et il paraît que cette