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LE SAÎ FEMELLE.
D e pu is que j ’ai donné la figure et la description d’un Sajou mâle, qui avait
beaucoup de ressemblance avec le Sajou gris de Buffon (tom. XV, pl. 5), j ’ai
pu réunir et comparer ensemble un grand nombre d’individus appartenants à
cette famille de quadrumanes d’Amérique, qui se distingue de tous les autres
par une queue prenante, revêtue de poils dans toute son étendue et j ’ai
trouvé tant de constance dans leurs caractères distinctifs, si peu de variation
dans les couleurs de leur pelage, que j ’ai été en quelque sorte forcé, quelque
prévenu que je fusse en faveur de l’idée contraire, à les regarder comme
des espèces distinctes, et à attribuer leur grande ressemblance, les nombreux
rapports qui les réunissent, et qui, jusqu’à ce jour, ont empêché de-les reconnaître
nettement, plutôt à un effet de l’identité de leur nature et de son
action immédiate sur leur coloration, qu’à un effet de causes fortuites et extérieures
, qui n’auraient fait que modifier cette action. Depuis ma description du
Sajou gris, j ’ai pu observer dix individus de cette espèce, de tout âge et de
tout sexe, et aucun d’eux n’en différait essentiellement, et de manière à ne
pouvoir pas être reconnu du premier regard.
Je puis dire la même chose de l’animal dont je donne aujourd’hui la figure,
et que j ’appelle Saï, quoique je ne sois pas certain que ce soit à un individu
de cette espèce que Buffon ait appliqué ce nom $ car la description que Dau-
benton donne de son Saï, semblerait aussi se rapporter à mon Sajou brun,
dont je vais parler dans le prochain article. Mais j ’ai dû l’appeler Saï, plutôt
que Sajou, parce qu’il a des caractères très-particuliers qui le distinguent éminemment
des Sajous gris et bruns, tandis que ceux-ci ont entre eux beaucoup
plus de ressemblance qu’avec mon Saï. Je crois, au reste, qu’on a bien plus
souvent entendu parler, sous ce dernier nom, de l’espèce dont je donne aujourd’hui
la figure, que de celle qu’a décrite Daubentonj et c’est certainement
l’espèce qui fait l’objet de cet article, que Dazara a décrite sous le nom de
Cay, nom générique donné par les naturels de la Guyane à tous les Singes
à queue prenante.
Le trait principal par lequel le Saï se distingue de tous les autres Sapajous,
est la forme de sa tête, généralement arrondie, et dont le front, au lieu de
fuir en arriére, immédiatement au-dessus des yeux, comme chez les Sajous,
s élève au contraire presque verticalement, ainsi que notre dessin, très-fidèle
sur ce point, le montre d’une manière sensible, surtout lorsqu’on le compare