des caractères importants, comme nous l’avons déjà annoncé dans notre article
du Bison d’Amérique. Lorsqu’on compare les différentes espèces de Boeufs aux
Buffles d’Italie, et même aux aut-yesrBuffles, à celui du Gap, à l ’Ani, au Buffle musqué
d’Amérique, on voit d’abord que les uns diffèrent tous,des autres principalement
par les formes de la tête et la direction des cornes. Le Buffle a le front élevé,
arrondi, et tellement en saillie au-dessus des autres parties antérieures de la tête,
que le chanfrein en est concave ; tandis que dans le boeuf le devant de la tête
est à-peu-près tout d’une venue. Les cornes de celui-ci ont une base étroite et
très-circonscrite, et elles s’élèvent d’abord en s’éloignant de la tête ; celles du
Buffle ont une base beaucoup plus large et qui s’étend jusque sur le front,
ensuite elles se couchent le long de la tête, en se dirigeant en. arrière et un
peu en dehors, pour se relever ensuite lorsqu’elles sont arrivées sur l'es côtés du
cou. Du reste, les parties osseuses sont les mêmes chez ces deux animaux. Les
dents du Buffle1 sont celles de tous les ruminants à cornes creuses ; les incisives
. sont au nombre de huit à ht mâchoire inférieure seulement, et il y a six molaires
de chaque côté des deux mâchoires. Les organes, du mouvement sont aussi semblables
à ceux des autres, animaux ruminants ; les pieds sont fourchus, et l’on
voit deux ergots derrière chacun d’eux. La queue est pendante, susceptible de
mouvement volontaire, mais l’animal ne l’emploie que pour chasser les corps
qui pourraient s’attacher à sa peau et le piquer. Les organes des sens ont aussi
les plus grands rapports avec ceux des nombreuses espèces qui composent la
famille à laquelle les Buffles appartiennent. Les yeux sont simples, ils n’ont point
de larmières, et les pupilles sont horizontales et ont la forme d’un carré long.
La vue est bonne ; et quoique les Buffles paraissent quelquefois blessés de la
couleur rouge, ils s’habituent à elle sansjxop de difficultés. Le nez se termine
par un mufle glanduleux, sur lequel Fammal passe souvent sa langue, et l’odorat
paraît y être extrêmement fin. Les oreilles n’ont rien de particulier; leur conque
externe a la forme d’un cornet et n’est pas extrêmement développée. Le toucher
ne paraît pas avoir de siège bien délicat; la peau est sèche, et les poils durs et
très-rares sont tous soyeux à proprement parler; car ceux qui pourraient être
considérés comme laineux sont si rares et si durs eux-mêmes, qu’ils diffèrent
peu des premiers; et cette nature de poils est encore un caractère qui distingue
les Buffles des boeufs. La langue a aussi une particularité qui tendrait à confirmer
la séparation de ces animaux; elle est très-doucé , tandis que celle des boeufs est
au contraire couverte de papilles cornées très-rudes, comme nous nous en sommes
assurés par l’examen des différentes races de boeufs et du bison d’Amérique.
Les organes de la génération ne sont pas non plus exactement semblables entre
le boeuf et le Buffle. La verge de celui-ci, au lieu de se terminer en pointe, est
tronquée à son extrémité, et le fourreau ne se montre qu’à son orifice et dans
une longueur de deux ou trois pouces seulement; du reste, ces animaux se
ressemblent dans ces dernières parties. Les Buffles mâles sont aussi soumis à
la castration, lorsqu’on les destine au travail. Leur voix a quelque chose du grognement
du cochon et du mugissement du boeuf.
Le Buffle italien est entièrement noir; un large fanon se développe sur son
sternum; et les os du bassin, ainsi que ceux de l’épine, se font sentir au-dehors,
quel que soit le bon état de l’animal. C’est cette variété que le gouvernement
français fit venir des états romains en i 8o3, et distribuer à la ferme de Rambouillet
et à l’établissement rural de Perpignan. Notre ménagerie en obtint un
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mâle et une femelle, qui ont vécu jusqu’à ce jouf et qui se sont reproduits. On
savait déjà que la Bufflesse porte un peu plus que la vache, et qu’elle met au
monde ses petits , qui, en naissant, ont les yeux ouverts, les.allaite de la même
manière què celle-ci, et fournit un lait excellent, que l’on peut traire 'comme
celui de la vache, et sans les précautions qu’on voit annoncées comme absolument
nécessaires, c’est-à-dire sans l’introduction de la main dans le vagin.
Les Buffles vivent de 18 à a5 ans. Voici les dimensions de l’individu que nous
avons fait représenter i
Hauteur aux épaules. . . . / . 4 piedSj g [Jonccs
— .. la croupe. 4 g -
Longueur du derrière de la tète à l’extrémité des fesses. 5 8
du derrière de la tête au bout du museau. . i 10
— de la queue. 3 0
Il paraît que cette espèce a produit plusieurs variétés; c’est du moins ce que les
voyageurs et les naturalistes rapportent ; mais celle d’Italie est la seule qui soit
encore bien connue, quoiqu’il y en ait en Grèce, en Egypte, etc., etc. Le travail
le plus complet et le plus riche en observations est celui que MM. Tessier, Huzard
et Boniva présentèrent à la classe des Sciences de l’Institut, et dont le troupeau
de Rambouillet fut le* sujet.
Nous aurions pu; en en faisant l’extrait, enrichir considérablement cet article,
si nous ne nous étions pas imposé le devoir de ne rapporter que.’ce qui n’est
pas publié ou que ce que nous avons vu nous-mêmes sur les individus, dont
nous donnons le dessin.
On ne possède pas un grand nombre de figures de ce Buffle; toutes celles qu’on
a sont cependant à-peu-près reconnaissables. Gesner, Jonston, Buffon ont fait
représenter.cej animal, et c’est la figure donnée par le dernier qui est la plus
exacte.
Les Grecs ni lés Romains ne connaissaient le Buffle ; on ne lui trouve point de
nom dans la langue de ces peuples; et c’est à tort que Paul Diacre et quelques
modernes lui ont appliqué celui de Bubalus, qui appartenait certainement à un
antilope.,C’est à tort également qu’on a quelquefois traduit le nom ancien de
Bison par celui de Buffle. Cet animal est le bos bubalus des auteurs systématiques.
• Janvier, 1820.