triturantes. A la mâchoire supérieure, ces dents vont en croissant depuis la première
à la dernière. A l’inférieure, c’est l’avant-dernière qui est la plus grande;
celle qui la précède vient après, la dernière ensuite, et la première est la plus petite.
Cet animal buvait en humant; on ne le nourrissait que de substances végétales
dont il se trouvait fort bien, et il n’en mangeait qu’une très-petite quantité comparativement
à sa taille; six livres de pain lui suffisaient, et l’on donne à un lion
jusqu’à dix livres de viande; sa m a r c h e , postérieurement, était tout-à-fait plantigrade,
et tous ses mouvements paraissaient lourds et embarrassés. Il était dun
naturel fort méchant, dormait une grande partie de la journée; et, sans s’engourdir
pendant l’hiver, il mangeait sensiblement moins que pendant les autres saisons.
Cet animal avait vécu long-temps dans les fosses de Berne d’où il avait
été amené au muséum d’histoire naturelle, lors de la conquête de la Suisse, et
il a encore vécu six ans dans les fosses de notre ménagerie.
L’Ours de Norwège a été donné à la ménagerie royale par M. Smith , capitaine
de vaisseau, le 24 d’avril 1818; il était âgé de cinq semaines, et ne se nourrissait
encore que de lait. Il avait trois mois lorsque nous l’avons fait dessiner, et excepté
sa taille qui s’était un peu accrue, il n’avait éprouvé aucun changement ni dans
ses couleurs, ni dans ses proportions, qui ont été rendues fort exactement par
notre dessinateur.
Sa tête avait, de l’occiput au bout du museau, . . . . o pieds 7 pouces o lignes.
Son corps, de l’occiput aux fesses, .................. 1 4 0
Son train de devant...................................................... 1 1 0
Son train de derrière................................................... 1 0 $ _
Et tout son corps était couvert d’un poil crépu trës-épais, excepté sur le museau
et sur les pattes, brun terre-d’ombre très - uniforme. On ne voyaifaucune
trace de poils blancs.
Les'sens et les organes du mouvement de ce jeune animal avaient déjà la
conformation qui s’observe dans ces différentes parties chez les Ours adultes ; il
ne différait en rien par-là de l’Ours des Alpes que nous venons de décrire; et il
lui ressemblait encore par le caractère : lorsqu’il nous arriva, quoique jeune et
forcé d’obéir à cause de sa faiblesse, il montrait déjà de la méchanceté et cherchait
à mordre dès qu’on lui faisait éprouver quelque opposition ; et depuis cette
époque sa méchanceté n’a fait qu’augmenter. Il a toujours eu le besoin, qu’il
conserve encore, de se teter la patte, ce quil fait en produisant un bruit ou
plutôt un murmure uniforme et continuel qui ressemblé assez au. bruit dun
rouet ; ce besoin paraît être très-fort en' lui ; il s’y livre avec une sorte d’ardeur,
et ce n’est qu’avec peine qu’on l’én distrait : on dirait qu’il y trouve une grande
jouissance; et il n’est pas étonnant qu’on ait cru que ces animaux trouvaient,
en se tetanl ainsi la patte, le moyen de se substanter pendant la saison qu’ils
passent sans manger, enfermés par les neiges : chaque action naturelle devrait,
en effet, avoir un objet utile pour celui qui la fait; et cependant je n’ai pas pu
observer que cet animal tirât quelque chose., par la succion, de la plante de
ses pieds.
L’état de nos connaissances sur les Ours bruns, et le plan que je me propose de
suivre, en traitant de ces animaux, ne me permettent guère de parler de synonymie.
Je dirai seulement que notre Ours des Alpes a déjà été figuré dans la
Ménagerie du Muséum d’histoire naturelle, et qu’en général toutes les figures
d’Ours bruns qui ont été données, font connaître avec assez d exactitude la physionomie
et les habitudes corporelles de ces animaux.
Juin 1819.