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LE MOUFLON.
X-i’a n i m a l qui fait l’objet de cette description, fut envoyé avec sa femelle de
l’ile de Corse, à la ménagerie du Muséum royal d’histoire naturelle, en 1808.
Tous deux avaient été pris, fuyant avec leur mère qui fut tuée. Ils s’acclimatèrent
sans peine, et vécurent assez long-temps pour que nous ayons pu les
voir se reproduire et juger de leur naturel.
L’espèce du M o u f l o n habite encore les parties les plus élevées de la Corse,
comme le Chamois et le Bouquetin habitent, chez nous les sommets des Alpes
et des Pyrénées; et B u f f o n était dans l’erreur lorsqu’il pensait qu’elle avait
été détruite dans cette île ;-elle se rencontre aussi en Sardaigne ( A z u n i , Histoire
géographique, politique et naturelle de la Sardaigne, tom. II, p. 34.), dans les
montagnes occidentales de la Turquie européenne ( B e l o n , Observations, etc.
p. 121.), dans l’ile de.Chypre ( B u f f o n , Hist. nat. t. XI. p. 352,), et vraisemblablement
dans les autres îles de l’Archipel, et dans la Grèce. Il ne paraît pas
qu’elle se soit élevée plus au nord , à moins que l’Argali, découvert par G m e l i n ,
en Sibérie, lui appartienne, et qu’il en soit de même des béliers sauvages
du Kamtchatka dont parle S t e l l e r , et de ceux que l’on a découverts nouvellement
en Amérique. P l i n e dit que de son temps on la rencontrait en Espagne,
où elle ne paraît plus exister aujourd’hui; il donne au M o u f l o n le nom
de Musmon, et on croit que les Grecs l’appelaient Ophion.
Le M o u f l o n est un animal grossier et sauvage, qui se plaît dans les régions
solitaires des montagnes, où il trouve plus de sécurité et plus de repos que
dans les régions moins élevées et plus fertiles. Ses ennemis naturels, les animaux
carnassiers, ne peuvent l’y poursuivre, et l’homme qui ne s’expose pas
communément aux dangers, pour le seul avantage de les vaincre, n’est guère entraîné
à lui faire la chasse que par la vraie gloire de lutter avec lui d’adresse
et de force. Toutes ses ressources, lorsqu’il est menacé', consistent dans la
vigueur de ses membres; son-instinct, dans les dangers, ne lui prête aucun
secours, et il ne tire que de faibles ressources de son intelligence : dès qu’il
est effrayé, il se réfugie dans les parties les plus inaccessibles des lieux qu’il
habite, et il ne fait jamais face à son ennemi que quand, . enfermé de toutes
parts, il n’a plus aucun moyen de lui échapper; autrement il cherche toujours
à s’en éloigner par la plus prompte fuite, et, s’il est poursuivi, il finit par tomber
de fatigue et de peur.
Durant la plus grande partie de l’année, les M o u f l o n s vivent en troupes
dans le domaine qu’ils se choisissent, et d’où ils ne s’éloignent que lorsqu’ils