CHÈVRE DU NÉPAUL.
N o u s avons vu, dans notre Bouc de la haute Égypte, une variété inconnue
jusqu’alors dans son espèce, qui ne se rattachait à aucune autre par ses caractères,
et qui formait un type autour duquel viendraient se grouper des variétés
analogues. C’était en effet la première fois qu’on voyait un Bouc à chanfrein
arqué; toutes les races de cette espèce, connues à cette époque, avaient au contraire
cette partie de la tête concave ; et cette circonstance même avait servi à
caractériser le genre Bouc par opposition avec celui du Belier, dont le caractère
consistait dans un chanfrein arqué.
La Chèvre que nous publions aujourd’hui appartient au groupe fondé sur le
Bouc de la haute Egypte; elle a à peu prés la même forme de tête, seulement
les os du front et ceux du nez ne sont point séparés, dans celle-ci, par une
dépression : ces os suiyent la même ligne et ont une courbure uniforme ; et la
mâchoire inférieure ne dépasse pas la supérieure, comme elle le fait dans la
Chèvre de la haute Egypte. Cette particularité, qui aurait pu être attribuée à
un simple accident, et qu’on aurait pu regarder comme la cause de la forme
du chanfrein, s’est reproduite complètement chez les petits de cette race, qui,
par conséquent, a toutes les qualités d’une variété durable.
La Chèvre du Népaul se distingue encore de celle à laquelle nous la comparons,
par la hauteur de ses membres et la légèreté de ses formes, qui la
rapprochent des antilopes Corine et Kevel, par la longueur de sa queue, et par
celle de la conque externe des oreilles, arrivée sans doute à son dernier degré
de développement. L’individu de cette jolie race de Chèvre que j ’ai sous les
yeux, et que je dois à la complaisance de M. Houssard, est couverte de poils
noirs et de poils blancs qui produisent un mélange d’une teinte gris-foncé assez
agréable à la vue, et ses oreilles sont blanches. Ces poils sont assez fournis,
mais non pas très-longs, et tous sont soyeux; toutefois il y a lieu de penser qu’il
s’en développe de laineux en hiver. Les cornes sont petites, et appartiennent à
la division des cornes en spirales. Ces Chèvres, qui se trouvent principalement
dans le Népaul, aux pieds de cet Himalaya si peu connu, et qui promet tant
de richesses à l’histoire naturelle, paraissent avoir été amenées dans l’Inde assez
nouvellement. C’est de là que M. Houssard a ramené la sienne en Europe il y
a quelques mois; et que M. le docteur Leach, un des conservateurs du Muséum