BOUC ET CHÈVRE NAINS.
C e n'est pas un phénomène sans importance et qui tienne à de médiocres
considérations, que celui du rapetissement de la taille des animaux. Il arrive
fréquemment dans l’organisation des changements partiels qui frappent et
étonnent bien davantage, et qui cependant sont loin d’être aussi dignes de
remarque. Il ne faut que quelques circonstances particulières, quelques influences
bornées, pour produire ceux-ci; celui-là, au contraire, ne' peut être
dû qu’à une cause générale, qu’à une action sur le système osseux, uniforme
et constante, car les petites races d’animaux se conservent et se propagent
avec toutes les proportions de leur espèce ; aucune de leurs parties ne diminue
ni 11’augmente plus que les autres, rien chez eux ne se déforme, et cependant
toute leur ossification arrive à son terme et se consolide, comme chez
les races les plus parfaites, et dans le même espace de temps : chaque os parcourt
dans son développement le même période; et l’animal lui-même voit le
cercle de sa vie se renfermer dans les mêmes limites que celui des grandes
races. C’est que les uns ont le même degré de perfection que les autres; leurs
différences ne tiennent point à un état de dégradation de maladie, à une
privation de faculté, comme tant d’autres races nous en présentent; aussi les
plus petites conservent-elles la faculté génératrice dans toute sa plénitude. En
général on voit que la taille des animaux d’une même espèce est proportionnelle
à la quantité de nourriture qu’ils sont à portée de prendre ; elle se rappetisse,
chez les herbivores, dans les régions sèches ou froides , et s’agrandit dans les
régions chaudes et humides, plus favorables à la végétation que les premières.
Admirable effet de la prévoyante nature, qui a mis dans les forces de la vie
toute la résistance et toute la souplesse qui étaient nécessaires à leur conservation,
quels que fussent les points de la terre où elles se trouvassent en action,
pourvu toutefois qu’on les laissât agir par degré : elles supportent tout aidées du
temps; sans lui elles se brisent et la vie s’éteint.
La variété du Bouc nain est vraisemblablement originaire d’Afrique. Bosmann
rapporte dans son voyage que les Chèvres de la Guinée sont extraordinairement
petites, et du reste tout-à-fait semblables à celles d’Europe. Cependant les communications
établies par le commerce paraissent avoir porté cette race jusqu’en
Amérique, et peut-être dans l’Inde : nous avons vu une Chèvre originaire de
Calcutta, qui ressemblait beaucoup à celle dont nous donnons la figure; et
les individus qui font le sujet de cet article venaient d’un Bouc et d’une Chèvre