LE PAPION.
L e cynocéphale dont nous donnons aujourd’hui la figure, et qui a reçu de
Buffon le nom de Papión (tom. XIV, pl. XIII et XIV), quoique décrit par
Daubenton avec la plus grande exactitude, et de manière à ne pouvoir être
méconnu, a cependant occasionné de nombreuses erreurs ; et ce qui pourra
paraître singulier, c’est que ce soit Buffon qui ait induit les naturalistes à les
commettre. D’abord il donne comme synonyme du Papión le Papio de Gésner,
dont Brisson fit son Babouin, et Linneus son S. Sphinx, et qui n’était autre
chose qu’un Mandrill ; et il copie ensuite tout ce que Kolb dit du Babouin
du Cap, qui est évidemment le Poicaría de Boddaert, le Comatus de M. Geoffroy.
Aussi voyons-nous Gmelin donner le Papión de Buffon comme appartenant
à la même espèce que son Sphinx ; et Erxleben, tout en changeant les
caractères spécifiques de ce S. Sphinx, d’après le Papión de Buffon, qui devenait
par-là le type de l’espèce, lui donner également pour synonyme le Papio
de Gesner et celui de Kolb ; et depuis il a été confondu avec le cynocéphale de
Brisson, comme nous l’avons déjà dit à l’article du Babouin. Une partie de ces
erreurs venait de ce que l’animal représenté par Buffon avait eu la queue coupée;
et quoique Daubenton l’eût dit expressément, les naturalistes qui lui succédèrent
n’ayant point recouru à sa description, ét s’étant bornés à l’examen de la figure
du Papión, prirent cet animal pour un singe à queue courte. Depuis, M. Bron-
gniart en avait donné une figure complète; mais il avait cru y reconnaître le
cynocéphale de Linneus; et cette nouvelle erreur n’avait fait qu’écarler encore
davantage de la bonne route. Cependant, par un hasard qui ne se rencontre pas
communément dans les figures de Schreber, le Papión de Buffon, copié par ce
laborieux naturaliste, est assez exactement enluminé.
Les méprises dont nous venons de faire l’histoire montrent assez que le Papión
est en effet un cynocéphale, un singe à tête de chien ; et en effet il a tous les
caractères des animaux de ce genre, caractères que nous avons déjà indiqués en
parlant du Drill,et dont nous devons donner une description détaillée en traitant
des cynocéphales d’une manière générale. Aussi nous nous bornerons ici à faire
connaître ses caractères spécifiques.
Notre Papión était encore jeune; à peine même était-il adulte, et cependant il
avait déjà deux pieds de longüeur du bout du museau à l’anus. Sa tête, qui devait
s’allonger encore, avait, de l’occiput au bout des naseaux, neuf pouces et demi,
et sa queue vingt pouces. Sa hauteur au train de derrière était aussi de vingt
pouces, et de vingt-deux au train de devant. La paume de ses mains avait quatre