mi
qu’en bas, présentent une couronne parfaitement plate, ovale, échancrée de chaque
côté, et creusée de quelques sillons étroits et réguliers. 11 y a douze mamelles,
on ne voit point de scrotum; la verge, dans son état tranquille, se dirige en arrière,
le gland est armé, comme.celui des chats, de papilles aiguës et dures, recourbées
en arrière.
« L ’A g o u t i habite dans la Guiane, le Brésil, le Paraguai, et dans quelques-
unes des Antilles : d ’A z a r a dit expressément qu’il n’y en a point à Rio de la
Plata, et nous ne voyons pas que ceux qui ont décrit les animaux du Mexique
et des autres parties de l’Amérique septentrionale , aient fait mention de celui-
ci. Cest le quadrupède le plus commun à la Guiane, selon L a b o r d e ; il a été
en »rande partie détruit dans celles des? Antilles qui sont bien cultivées; on nen
voit plus à la Martinique, . mais il y en a encore à Sainte-Lueie ; il paraît qu’il
n’y en a que fort peu à Saint-Domingue, quoique B u f f o n dise qu’il y est commun.
Cest un animal très-vorace ; il. dévore indifféremment toutes sortes d’aliments,
les fruits, les patates , le manioc, les feuilles et les racines de toutes
sortes de plantes; sa principale nourriture consiste cependant en noyaux de différents
arbres; il ne refus,e pas. la chair lorsqu’il peut s’en procurer; sa manière
de prendre sa nourriture consiste à la saisir et a la soulever avec la bouche et
à la soutenir avec ses mains, en se tenant assis sur sa croupe; lorsqu’il trouve
plus d’aliments qu’il n’en peut consommer, il les cache dans des trous souterrains,
et les y laisse quelquefois plus de six mois sans y toucher ; il boit en
lapant; ses urines sont très-fétides; sa course est assez rapide, sur-tout en plaine,
et lorsque le terrain va en montant; I’A g o u t i , est sujet, comme le lièvre, à
culbuter dans les descentes, et par la même raison, c’est-à-dire à cause de la
hauteur de son train de derrière. C’est pendant le jour quil prend son mouvement;
on en voit souvent à Cayenne des troupes de vingt, et davantage, courir
ensemble; dans le repos, il s’assied souvent sur les talons, comme 1 écureuil;
il a alors l’habitude de se frçtter la tête et les oreilles avec les pieds de devant.
Il se tient de préférence dans les bois et dans les lieux couverts, et choisit pour
sa retraite des troncs d’arbres creux, qu’il achève de s’approprier avec ses dents
et ses mains. On les y trouve solitaires, excepté les femelles qui ont des petits,
et ils y passent les nuits entières, à moins qu’il ne fasse un beau clair de lune.
Les femelles produisent deux ou trois fois par an, et mettent bas indistinctement
en toute saison, deux petits, selon B u f f o n et d’A z a r a , quatre ou cinq
selon L a b o r d e . Elles préparent dans leur trou un lit de feuilles pour les recevoir;
ces petits naissent déjà assez avancés, ils ont plus de six pouces de long;
leur mère les transporte souvent d’un lieu à un autre; l’allaitement ni l’accroissement
total ne sont pas de longue durée.
«Il paraît que l’A g o u t i s’habitue aisément à l’esclavage; mais on se soucie
fort peu de l’apprivoiser à cause de son inquiétude naturelle, et de son penchant
à tout ronger et à tout détruire, il coupe en quelques secondes les cordes avec
lesquelles on l’attache; il perce les portes et les cloisons des lieux où on le renferme
, et s’échappe aisément de par-tout. Lorsqu’on l’appelle ou qu on 1 effraye
dans la campagne, il s’arrête pour écouter, et frappe du pied de derrière comme
le lapin et le porc-épic; en l’irritant encore davantage, on lui fait rendre un
H
cri que l’on a comparé à celui d’un cochon de lait, il hérisse aussi son poil,
ur ou ce ui e a croupe; d A z a r a assure même que pour peu que sa crainte
soit vive, la contraction de sa peau devient si forte que ses poils tombent à
poignee, cest a-peu-pres ce qui a lieu pour les épines du porc-épic, lorsqu’il
les redresse avec trop de rapidité. , (Ménagerie du Muséum d'histoire naturelle )
Sa vue est le plus actif de ses sens, mais en général il paraît les avoir tous très-
obtus, et son intelligence est comme eux fort bornée; il est bien vraisemblable que
tout ce qu il en possédé consiste en instinct; c’est un de ces animaux dont on
ne peut reconnaître le naturel que lorsque en liberté, ils ont la faculté de se
livrer a 1 impulsion qu’ils reçoivent de la nature. Dès qu’ils sont enfermés ils
restent, en quelque sorte immobiles, mangent si on leur donne à manger-
mais n apprennent à rien distinguer, ni la personne qui les soigne et les nourrit,’
ni 1 heure ou ils reçoivent leurs aliments, ni les bons traitements, ni les mauvais
m meme 1 instrument qui les a frappés. Ils sont, comme beaucoup d’autres rongeurs,
limage de la stupidité. C’est du moins l’idée que m’ont donné de leur
espece, plusieurs A g o u t i s que la ménagerie du Roi a possédés, et qui, sous le
rapport des facultés intellectuelles, avaient tous la plus entière ressemblance.
Jan v ier 1819.