LE CERF DE VIRGINIE.
T J n e des vérités les mieux établies, et les plus fécondes pour la zoologie,
c’est la dépendance mutuelle des organes. Ceux sur lesquels, dans chaque espèce,
repose l’existence, sont inaccessibles à toute influence, et la fixité fait leur
caractère ; à mesure qu’on descend aux organes d’un ordre moins élevé-, on
voit naître des modifications sans cependant que leur cause soit extérieure ;
enfin lorsqu’on arrive aux organes du dernier ordre, on les trouve soumis à la
double influence des organes plus importants qu’eux et des circonstances passar
gères ; alors ils se présentent sous des formes encore plus nombreuses et plus
variées.
C’est parmi ces derniers organes que se prennent le plus souvent les caractères
spécifiques; mais, quoique du même ordre chez toutes les espèces, ils ne
sont pas toujours de la même nature, c’est-à-dire que chez les unes ils n’éprouvent
pas la même influence des causes fortuites que chez les autres. D’où
suit l’impossibilité d’établir d’une maniéré générale et absolue la valeur de ces
caractères. Pour la connaître il faut préalablement étudier la nature des organes
dans un nombre plus ou moins grand d’individus, afin de faire abstraction des
causes de leurs variations, ou de leurs variations elles-mêmes. Après cette espèce
de départ, ce qui reste fixe est seul véritablement caractéristique.
Il n’est aucune espèce de mammifères à laquelle ces réflexions ne soient plus
ou moins applicables ; mais elles conviennent sur-tout aux diverses espèces de
C erf s dont les caractères doivent être pris dans la forme des bois, que de i|3|
nombreuses circonstances accidentelles peuvent faire varier, comme nous le
verrons plus particulièrement, au reste, dans nos généralités sur ce genre.
Le C er f de Virginie n’a jamais été représenté , il n’est même bien connu
des naturalistes .que depuis que notre ménagerie l’a possédé. Jusque-là on n’avait
encore vu que ses bois, qui se trouvent figurés dans l’ouvrage de P ennamt
( Histoij o f Quadrupeds, pl. X I,J ig . 2. Virgnian Deer ). M. G. C u v i e r , en a le
premier- donné une description complète dans ses Recherches sur les ossements
fossiles des quadrupèdes, tom. IV,pag. 34-
Nous en avons eu un mâle et une femelle qui ont produit, ce qui nous a
donné les moyens de suivre les développements de cette espèce, et nous met
dans le cas de la faire connaître avec quelques détails.
Le C e r f de Virginie, à-peu-près de la grandeur du Daim, est remarquable
par la délicatesse de ses formes, l’élégance de ses proportions, la teinte douce 1
ou brillante de son pelage, et la finesse de sa physionomie. Le mâle et la femelle
ont les mêmes couleurs; en été ils sont aux parties supérieures du corps,