
 
		des  bois  analogues  à  ceux  du  Cerf commun ;  aussi  plusieurs  naturalistes  ont-ils  
 pensé  cpie  ces  cerfs  appartenaient  à  la  même  espèce;  mais  cette  idée  a  besoin  
 d’observations nouvelles  pour  être  confirmée. Notre  Cerf  a  les  dents  de  tous  les  
 ruminants, seulement  il  a  une  canine  de  chaque  côté  de  la mâchoire  supérieure.  
 Il  a  aussi  les  pieds  fourchus  organisés  comme  ceux  des  autres  Cerfs;  et  il  leur  
 ressemble  encore  par  les  organes  du  g o û t 4e  Fouie  et  du  t®§mh$r.  Ses  yeux  
 n’ont  de  particulier  qu’un  larmier  à  leur  angle  interne.  Ses  narines  sont  entourées  
 d’un  muffle  très-large,  mais  qui  ne  dépasse  pas  leur  bord  externe.  Sa  
 verge, dirigée  en  avant,  a  l’extrémité  de  son  fourreau  pendante  et  très-garnie  de  
 poils,  et  les  testicules  sont  extérieurs.  Le  vagin  est  simple,  et  les  mamelles  
 sont  au  nombre  de  deux, entre  les  jambes  de  derrière. Les mâles  et  les  femelles  
 se  ressemblent  pour  le  pelage. Leur couleur  en  été  est  d’un brun-fauve,  excepté  
 le  long  du  dos,  où  l’on  voit  une  ligne noirâtre, garnie  de  chaque  côté  de  petites  
 taches  fauves-pâles;  en  hiver,  cette  couleur  estt#ün  brun-noirâtre  uniforme.  
 Les  poils  sont  remarquables  par  leur  structure ;  ils  tiennent  à  la  peau  par  un  
 léger  pédicule,  sont  renflés  dans  leur milieu,  et  cassant  comme  de  la  paille,  et  
 leur  intérieur  se  compose  d’une  substance  spongieuse  blanchâtre. Ces  poils  sont  
 soyeux, d’une  longueur médiocre  sur  la  plus  grande partie  du  corps, mais  asse?  
 longs  sous le  cou,  dans  les  vieux  individus, pour  former un épais  fanon;  ils sont  
 gris  à  leur  base, d’un  fauve  plus  ou  moins  brun  dans  le  reste  de  leur  longueur  
 et  ils  ont  le  bout  jaunâtre.  On  trouve  au-dessous  d’eux  des  poils  laineux, longs  
 frisés,  mais en  petit nombre et assez durs. Les parties inférieures du  corps,  la  tête,  
 les  côtés du  cou  et  les  pieds,  sont  d’une  teinte  plus  grise que les  supérieures;  et  
 les  fesses, ainsi  que  la queue, sont  en  toute  saison  d’un  fauve  très-pâle;  mais  en  
 été  les  fesses sont bordées en-dehors d’une  ligne noire. Nous avons  fait représenter  
 le  Cerf mâle  dans  son  pelage  d’hiver, et la  femelle  dans son pelage d’été, avec un  
 Faon  de  quelques  mois. Lorsque  le  jeune Cerf naît, il  est tout parsemé de taches  
 blanches sur un fond  brun-fauve, et ses fesses ont une teinte plus  pâle que le  reste  
 du  pelage. Dès  la  première  année,  la base  de  ses  bois  commence  à  se montrer  à  
 l’os frontal, mais  seulement par une saillie plus ou moins grande, nommée bossette;  
 immédiatement  après,  le  bois  se  développe;  d’abord  par  une  tige, qui  porte  
 le  nom  de  dague,  et  sa  base,  qui  est  renflée,  celui  de  meule.  A  la  troisième  
 année  ce  bois  a  deux  ou  trois  branches,  que  l’on  appelle  andouillers;  la  tige  
 principale  se  nomme  merrain.  A  la  quatrième,  il  se  couronne, c’est-à-dire  que  
 son  extrémité  se  divise; alors  le  bois  est  formé,  l’âge  ne  fait  qu’apporter  plus  
 de  matière  dans  sa  composition  :  il  devient  plus  grand,  plus  gros,  et  sa  couronne  
 se  divise  davantage,  mais  cela  est  relatif  à  la  force  de  l’animal  et  à  la  
 quantité  de  nourriture  qu’il  a  pu  se  procurer.  On  a  vu  des  bois  chargés  de  
 douze à quatorze andouillers. La  surface  de ces bois  est  aussi  plus ou moins  lisse,  
 ou  couverte  d’aspérités  qui  portent  le  nom  de perlures; tandis  que  les  interstices  
 qui  les  séparent,  en  qui  sont  les  impressions  des  vaisseaux  qui  recouvraient  le  
 bois  lorsqu’il  était  revêtu  de  peau,  sont  désignés  par  celui  de  gouttières.  En  
 effet,  tant  que  le  bois  se  développe,  il  est  couvert  d’un  derme,  et  rempli  lui-  
 même  de  vaisseaux  et  de  sang;  il  ne  se  compose  encore  alors  que  de  gélatine;  
 petit  à  petit  la  matière  calcaire  se  dépose,  le  bois  se  durcit,  les  vaisseaux .¿’oblitèrent, 
   et  bientôt la  peau qui  le  recouvrait  tombe  en  lambeaux  :  çe dernier  changement  
 a  lieu  à  la  fin  de  l’été, et  c’est  à  la  fin  de l’hiver ou  au printemps que  les  
 bois  tombent;  mais  immédiatement  après  ils  repoussent,  en  commençant  par 
 former  un  bourrelet  autour  des  bossettes,  exactement  semblable  à  celui  qui  se  
 forme  autour  de  la  plaie  d’une  plante. 
 Le  rut  a  communément  lieu  en  octobre  et  novembre,  et  il  commence  à  tourmenter  
 les Cerfs lorsqu’ils ont dix-huit mois. A cette époque de l’année, ils entrent  
 dans  une  fureur qui  les rend très-dangereux, même pour les femelles, qu’ils  tuent  
 quelquefois  en  voulant  les  forcer  de  céder  à  leurs  désirs. Cet  état  dure  plus  ou  
 moins,  suivant  que  l’animal  a  pu  satisfaire  le  besoin  qui  le  presse.  Pendant  sa  
 durée, le Cerf maigrit  et  rait  continuellement,  c’est-à-dire  qu’il  fait  entendre  une  
 voix  âpre  et  forte;  et  après  huit mois  de  portée, la  biche  met  bas  un  petit, qui  
 naît avec  les  yeux  ouverts,et  assez  fort  pour  se  soutenir  sur  ses  jambes  et  pour  
 marcher. 
 Pendant  l’hiver,  après  le  rut,  les  Cerfs  vivent  réunis  et  forment  des  hardes,  
 mais,  dès  que  le  printemps  arrive,  ils  se  séparent;  les  femelles  se  retirent  pour  
 mettre  bas,  et  les  vieux  mâles  pour  refaire  leur  bois;  les  jeunes  restent  seuls  
 unis  jusqu’à  la  fin  de  leur  seconde  année, que  les besoins  de  l’amour deviennent  
 assez  forts  pour  les  rendre  ennemis. 
 Le Cerf commun  est  naturellement  sauvage  et  défiant; on  parvient  cependant  
 a  en  apprivoiser  quelques  individus;  mais  les  plus  familiers perdent  leur douceur  
 à  l’époque  des  amours.  Les  biches  en  général  s’habituent  plus  facilement  avec  
 nous, et  leur  confiance  comme  leur  douceur  ne  s’altèrent  en  aucun  temps. Ces  
 animaux  seraient  susceptibles  de  quelque  éducation ;  on  en  a  vu  qui  obéissaient  
 au commandement, et qui  se soumettaient  à  des  exercices  bien  contraires  à leur  
 naturel  craintif. 
 Cette  espèce  de  Cerf  est  répandue  dans  toute  l’Europe,  dans  toute  l’Asie,  et  
 dans  quelques  parties  de  l’Afrique; mais  elle  paraîtrait  éprouver  dans  certaines  
 contrées  quelques  variations  pour  les  proportions  générales  et  pour  la  teinte  
 du  pelage.  L’on  sait  aussi  qu’il  y  a  des  Cerfs  blancs  par  l’effet  de  la  maladie  
 albine. Nous  aurons  soin  de  faire  connaître  ces  variétés.  Le  Cerf  commun  est  
 le  Cervus  Elaphus  des  auteurs  systématiques;  c’est  l’Aa®oÇ  des  Grecs :  les  Latins  le  
 nommaient  Cervus. 
 Février  1820.