8 INTRODUCTION.
genre ont reçu de la nation chez laquelle ils ont primitivement été découverts,
lorsqu’il est connu, ou le nom qu’ils ont reçu de celui qui le premier en a donné
une description, ou en a fait connaître les caractères, de telle manière que ceux
qui sont venus après lui n’aient pu les méconnaître. Toute autre règle conduit à
l’arbitraire, ou devient la source des injustices les plus manifestes, ou des prétentions
les plus ridicules.
Tel sera l’objet prinéipal des articles de chaque espèce de Mammifères dont j ’aurai
à parler. La figure de cette espèce, fidèlement représentée dans la plupart de ses
variations, donnera l’ensemble de ses traits, sa physionomie générale; par elle on
suppléera jusqu’à un certain point à ces détails de formes extérieures qui ont été
négligés, et qui demandent encore de nombreux travaux spéciaux, avant qu’il soit
possible de les exprimer par un langage ; car ce langage n’existe pas. Toutes les
parties qui . sont susceptibles d’être décrites le seront ; le naturel sera exposé autant
que possible par des faits; et nous indiquerons avec soin les rapports qui se, Irçmvept
entre les espèces, d’où nous serons conduits à montrer les groupes génériques auxquels
elles appartiennent, si ces groupes sont déjà formés, ou ceux dont elles constitueront
le type, s’il n’en existe point encore dont on puisse les rapprocher. De
là. nous passerons aux diverses circonstances dej lem-^févebppement, jgour chaque
sexe ou chaque variété, et à leurs rapports avec le reste de la nature, partie dans
laquelle nous serons souvent condamné au silence, tant elle est pauvre. Enfin, nous
terminerons par fàire connaître les travaux auxquels.elles ont donné lieu, les noms
principaux qui les désignent, et celui par lequel elles sont distinguées çlans un des
catalogues méthodiques généralement admis.
Sans doute cet ouvrage présentera de nombreuses lacunes qui tiendront à l’état
de la science, et de grandes imperfections que nous n’aurons pas su .éviter.: nous
croyons cependant qu’il sera utile malgré ses défauts : il n’en existe aucun où toutes
les figures et toutes les descriptions aient été faites d’après le. vivant, , et qui, par
conséquent, renferme, en aussi grand nombre, des observations exactes. Avec des
obstacles moins grands que ceux que présente le haut prix d’un ouvrage dont
le succès dépend en grande partie du nombre des personnes qui en feront l’acquisition,
on anraitTacilement pu mieux faire, sous le rapport des figurés. Mais ,- en
toutes choses, le bien nfe' s’obüenLgue progressivement;- et si ng^. efforts peuvent
occuper une place dans la série de ceux qui sci-onl lentes pour atteindre ce but,
nous devons être satisfait : nous n’avons point eu l’espoir d’unenutre récompense.
F. CUVIER.
Nota. Tous lewwrticles de M. Gcoffroy-Saint-lIikire sont signés par lui. Ceux qui no portent point de signature
sont de l’anteur de cette Introduction.
AVERTISSEMENT.
J_j o u v r a g e que nous publions était depuis long-temps reconnu nécessaire, et
demande par les naturalistes. L’existence d’un très-grand nombre d’espèces de
Mammifères ne reposait que sur des notes imparfaites, ou sur de simples phrases
caractéristiques, et la plupart des figures qu’on pouvait citer à l’appui des autres
étaient incorrectes. Cependant l’existence d’une espèce ne peut être assurée qu’autant
qu’elle a été représentée fidèlement par une bonne figure et par une description
détaillée; jusque là elle reste douteuse; et comme les espèces font la
base de la science, nos efforts auront pour principal but de faire bien connaître
les traits qui les constituent. Nos dessins représentent chaque animal dans une
attitude simple, et toujours de profil, parce que c’est dans ce mouvement qu’on
peut le mieux saisir l’ensemble des formes, et la physionomie; et nous aurons
soin de donner une figure de face toutes les fois qu’il sera nécessaire de voir
ainsi les animaux pour les mieux juger.
Quant à nos descriptions, nous insisterons particulièrement sur les caractères
spécifiques, cest-à-dire, sur les détails des organes de la manducation, des sens,
du mouvement et de la génération ; sur la nature et la couleur des poils., et sur
les particularités que les téguments pourront nous, offrir. Ensuite nous exposerons
ce que nous aurons été à portée d’observer sur l’usage des organes, et lorsqu’il
nous aura été possible de recueillir quelques faits relatifs aux, caractères ou à l’intelligence
, nous en ferons mention. Enfin nous consacrerons un paragraphe- de
chacun de nos articles à la synonymie ; mais dans cette partie de notre travail nous
passerons sous silence tout ce qui ne nous paraîtra pas se rapporter évidemment
à 1 animal dont nous parlerons , ainsi que toutes les notes insignifiantes., même
quand oir pourrait justement les y rapporter. En effet, la synonymie n’a d’autre
objet que de composer ou de- compiétet-l’histoire d’un animal, en rapprochant
les observations qui ont été faites sur lu i , ou en liant, ces. observations à
celles qu’on peut avoir faites soi-même; or, réunir des observations qui pourraient
avoir pour objet des animaux différents, serait créer des. êtres fantastiques, et
rappeler celles qui ne donneraient aucune lumière serait un luxe de-science au
moins inutile ; mais autant nous mettrons de soins à écarter tout ce qui pourrait
induire en erreur, autant nous tâcherons d’être exacts dans les synonymies que
nous admettrons; et nous ne rapporterons point le texte des auteurs, nous