Le Grivet a le naturel des guenons de grande taille. Celui que j’ai fait représenter
avait été donné à la ménagerie du roi, par M. M***, sa familiarité
commençant à devénir dangereuse. Une femelle à laquelle nous l’avions réuni,
mais qui n’a jamais éprouvé les besoins du rut* parce qu’elle était faible et maladive,
a, par contre, toujours conservé sa docilité. Elle avait été élevée avec douceur
, et n’avait jamais reçu de son maître que des caresses ; aussi, répondant
à ce traitement, elle avait acquis une confiance si grande qu’elle en était devenue
importune.
Nous avons déjà eu plusieurs occasions de faire remarquer, chez les femelles
de singes, cette disposition à la confiance, et ce besoin d’affection qu’on ne rencontre
que comme une exception chez les mâles ; mais c’est sans raison qu’on a
dit que ce besoin se manifestait plutôt pour un homme que pour une femme. Ces
animaux sont très-susceptibles de jalousie ou plutôt d’un sentiment qui a l’apparence
extérieure de cette passion; car elle ne peut pas exister chez les animaux
avec les mêmes caractères que chez l’homme; mais ils l’expriment indépendamment
de tout rapport de sexes. Lorsqu’un singe femelle est attaché à sa maîtresse
il témoigne indifféremment, aux hommes et aux femmes, son espèce de jalousie ;
et s’il en est quelquefois arrivé autrement, cela a tenu sûrement à des circonstances
qui n’ont point été appréciées.
Le nom que j ’ai donné à cet animal est celui qu’il avait reçu de son maître, et
auquel il répondait. Sa taille et les proportions de toutes les parties de son corps
étaient semblables à celles du malbrouk, lesquelles, au reste, sont celles du cal-
litriche.
Juin 1819.