. H H M H Ü ; i i l i l
i n j h
LE RATON.
U n des phénomènes les plus dignes d’attention pour le naturaliste, et les plus
propres a faire sentir la puissance infinie du créateur, ce sont les changements
insensibles et graduels par lesquels passe un même organe pour transformer en
que que sorte sa nature, et donner naissance à des résultats entièrement différents
de ceux qui faisaient l’objet de sa première destination. Les organes des
sens, et ceux du mouvement offrent de fréquents exemples de ce phénomène,
, , , tS de certauis ammaux en sont elles-mêmes un très-remarquable. Les
véritables carnassiers, les chats, par exemple, ont à chaque mâchoire des dents
évidemment destinées, par leur forme et leur relation , à découper, comme le
reraient deux lames de ciseaux, les fibres des muscles dont ils doivent se
nourrir; à mesure qu’il entre moins dans la destination des espèces de vivre de
proie, ces dents, que l’on peut, à juste titre, appeler carnassières, perdent de '
leur tonne tranchantey:et prennent de l’épaisseur; enfin il vient un terme où
ces dents ne peuvent presque plus être distinguées des dents tuberculeuses dont
1 emploi consiste à broyer. Minces, elles étaient opposées.face à face; épaisses,
elles le sont couronnes à couronnes; de sorte que de dents tranchantes, elles
'se sont véritablement transformées en dents triturantes ; et la nature ,' pour
opérer une transformation aussi considérable, n’a eu besoin d’apporter aucun
changement essentiel à ces organes : il lui a suffi de faire prendre un plus grand
développement à un tubercule très-petit, qui se trouvait déjà à la face interne
des dents les plus minces.
Les R a t o n s sont les derniers carnassiers chez lesquels ces changements dans
les dents puissent être suivis sans incertitude. Ce sont des animaux frugivores
autant que carnivores : ils semblent, à cet égard , faire le passage entre les
quadrumanes et les mammifères qui vivent de petits animaux et même d’insectes,
tels que les chauves-souris, les taupes, les masupiaux carnassiers, etc., etc!
Leurs dents molaires sont tout-à-fait semblables à celles des Coatis; ils ne diffèrent
même de ces derniers que par les organes des sens; ce qui a porté les naturalistes
à ne former de ces divers animaux que deux divisions, d’un même
gen re.
Ils ont à la mâchoire supérieure, d’un côté comme de l’autre, deux molaires
tuberculeuses, une carnassière, trois fausses molaires , une canine et six inei- v
sives, et.à la mâchoire inférieure une tuberculeuse, une carnassière, quatre
fausses molaires, une canine, et six incisives; les yeux ont une pupille ronde,
et ils n’offrent rien de particulier dans les paupières ni dans les autres parties