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METIS FEMELLE
DANE ET DE ZÈBRE.
I n d é p e n d a m m e n t de tout ce qu’il y a de mystérieux et d’admirable dans la
génération des animaux, le phénomène de l’accouplement est un des plus importants
pour l’histoire naturelle; il tient aux questions les plus élevées de cette
science; c’est même jusqu’à présent sur lui seul que les naturalistes ont fait reposer
un de leurs principes fondamentaux, celui de la distinction des espèces,
en concluant des observations faites à celles qui ne l’étaient point encore. En effet,
en histoire naturelle,comme dans toutes les sciences d’observation, la généralisation
des faits est la source la plus pure de la vérité; mais les inductions qu’on
en tirerait seraient le plus souvent fausses, si ces faits n’avaient entre eux aucun
rapport et n’étaient pas comparables. Il en serait alors comme des conséquences
d’un syllogisme dont les éléments seraient vicieux. Or rien n’est plus difficile que
d’établir aujourd’hui ces rapports d’une manière certaine, dans les phénomènes de
l’accouplement. Lorsqu’une femelle met au monde des petits; que, de ceux-ci, en
naissent de nouveaux, qui, eux-mêmes,en produisent d’autres; et que l’on remonte
ou que l’on descend ainsi des branches à la souche, ou de la souche aux branches,
on est sûr d’avoir, aussi loin qu’on peut s’étendre, des individus d’une meme
espèce. Cest sur ces faits généralisés, joints à la répugnance que certains animaux
manifestent constamment pour s’unir, que Buffon avait établi cette règle :
que tous les animaux qui s’accouplent, qui se reproduisent par cet accouplement,
et qui donnent naissance à des individus féconds, sont de là même espèce. Mais
outre que nous ne pouvons suivre exactement que la génération de quelques-
uns de nos animaux domestiques, et que pour tous les autres nous sommes
obligés de l’admettre implicitement; nous voyons encore que des animaux que,
par d’autres considérations, nous regardons comme des espèces distinctes, s’accouplent
et produisent des individus plus ou moins capables de se reproduire eux-
mêmes, ce qui affaiblit la règle que nous venons de rapporter. Aussi Buffon,
qui connaissait bien ces exceptions, fut-il souvent conduit, dans 1 application
de sa règle, ou à l’étendre ou à la restreindre arbitrairement. Toutefois le principe
sur lequel elle repose, le phénomène de la reproduction, est le seul sur
lequel on puisse établir la distinction des espèces; seulement il s’agirait de marquer,
par l’expérience, les bornes de ce phénomène: car j’ai déjà constaté qu’elles
sont variables suivant la nature des animaux; que les races liibrides de quelques