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2 LA HYENE TACHETEE.
toutefois qu’elle manque de force et de vivacité; elle est capable de sentiments
très-violents, et alors elle sait agir avec autant de promptitude que
d’énergie. L’individu dont je donne la figure nous l’a montré souvent: susceptible
de sentiments très-divers, il les manifestait tous avec violence, sa
haine comme ses affections. Il avait dans tous ses gardiens la plus entière
confiance ; mais l’un d’eux lui avait inspiré une tendresse qui se manifestait
par des signes fort extraordinaires pour un animal sauvage, quoique le chien
domestique en donne quelquefois l’exemple. D’un autre coté, il était susceptible
de haine très-violente, et on le voyait pris d’une sorte de rage contre
des personnes qui ne lui avaient jamais fait aucun mal ; alors il trépignait ,
une écunie épaisse sortait abondamment de sa bouche , les poils de son dos
se hérissaient, et Jes coups ne faisaient qu’exaspérer ce sentiment. Il avait
été pris au cap cje Bonne-Espérance, très-jeune , et on l’avait apprivoisé sans
peine. A son arrivée en France, au retour de l’expédition du capitaine Baudin, sa
cage s’étant entr’ouverte , il en sortit et s’en alla sans qu’on le vît; dès quon
se fut aperçu de sa fuite, on se mit à sa recherche et on l’aperçut entrant
paisiblement dans la cabane d’un paysan, où il se laissa reprendre sans opposer
la moindre résistance. Cette grande docilité ne paraît au reste pas
être particulière à quelques individus; car M. Barrow nous assure, dans son
premier Voyage au Cap ( T. II. p. 55 de la trad. franc. ) , quon a réduit la
Hyène tachetée en servitude dans le Schneuberg, où l’on regarde cet animal
comme meilleur pour la chasse que le chien ordinaire , auquel il ne cede
d’ailleurs ni pour l’intelligence, ni pour la fidélité. Les rapports de la Hyène
et du chien avaient porté Linnæus à réunir ces animaux dans le meme genre;
mais un examen plus attentif a fait voir les Hyènes forment un genre
aussi distinct et aussi naturel que les chiens eux-mêmes. Leurs molaires sont
au nombre de cinq à la mâchoire supérieure; trois fausses molaires, une carnassière
et une tuberculeuse : et au nombre de quatre seulement à l’inférieure;
trois fausses molaires et une carnassière ; et toutes ces dents sont remarquables
par leur grandeur et leur force ; après celles des chats , ce sont peut-être
celles qui caractérisent le mieux un animal carnassier. Chaque mâchoire a
aussi deux canines très-fortes et six incisives. Les pieds de devant, comme
ceux de derrière , ont quatre doigts armés d’ongles fouisseurs. Les yeux n’ont
de particulier qu’une prunelle qui, lorsqu’elle est à moitié fermée , présente la
coupe d’une pyramide très-allongée, posée sur une sphère. Les narines s’ou-
vrent sur les côtés d’un mufle, comme celles des chiens. La langue est couverte
de papilles rudes. Les oreilles sont grandes, très - ouvertes , fort mobiles
et habituellement dirigées en avant; et des moustaches assez fortes garnissent
la lèvre supérieure; quelques-unes naissent aussi sur la joue. Les poils, excepté
sur la face et les membres, sont longs, fournis et rudes, sur-tout le long du dos,
divisés par mèches et ondulés: ce sont les poils soyeux; les poils laineux ny sont
qu’en rudiment. La verge a la forme et la direction générale de celle du chien.
Le scrotum est assez peu développé, et sous l’anus est une fente longitudinale
qui produit une matière onctueuse et fétide. La Hyène que nous décrivons,
comme on le voit par notre dessin , est digitigrade ; mais ne l’ayant point
vue en liberté , nous ne connaissons point ses allures. Il est certain que 1 o-
LA H YENE TACHETÉE. 3
dorât était son sens le pins délicat; elle préferait cependant la chair qui corn-
mence a se gâter a la chair fraîche ; elle ne mangeait jamais celle qu’on lui
donnait qu e le ne commençât à se décomposer, et quatre ou cinq livres de
cette viande lui suffisaient chaque jour. Elle buvait en lappant. Sa voix ressemblait
a des gémissements. On ne connaît rien sur la reproduction de ces
animaux ni sur leurs moeurs. La couleur générale de cet animal est d’un blond
sale, tirant sur le brun noir, au ventre, aux parties postérieures et sur les membres;
et toutes les parties du corps, excepté le dessous du cou, la tête et l’intérieur
des membres, sont garnies de taches d’un brun noir plus ou moins foncé
petites et en beaucoup moindre „ombré que chez la panthère ou même le jaguar.
Lextremite du museau est noire, et les oreilles, à leur face interne comme
sur leurs bords, sont garnies de poils blancs. La queue est du brun des parties
postérieures et garnie des mêmes poils, mais sans taches.
Voici ses dimensions principales :
L o n gu eu r du corps , d e l'occiput à l’origine de la queue 3 pieds 3 pouces
de la t ê te , de 1 occiput au bout d u museau » IO
d e la q u eue ..............................................
Hauteur d u train de d evant..................................................... 2 f
— de d erriè re t ^ -
Cet animal n’est connu des naturalistes que depuis Pennant, qui lui donna
le nom de Hyene tachetée ( Hjoena spotted ). Kolb, dans son Voyage au Cap
parait cependant en parler sous le nom de loup-tigre, quoiqu’il donne à cet
animal des ongles rétractiles. On cite aussi Ludolphe et Bosmann ; mais il
est douteux qu’on soit fondé à le faire. Quant à l’animal que Barbot nomme
Quumôengo et que l’on donne encore" comme la Hyène tachetée, je n’ai pu
vérifier cette synonymie. J’ai déjà cité Barrow , mais je dois peut-être encore
rappeler le foadl. de Shaw (Voyage en Barbarie, t. r , p. 3, 7 ); car quelques
auteurs assurent que cette espèce se trouve aussi en Barbarie , sans toutefois
en alléguer la preuve.
La figure que Pennant donne de cette Hyène est fort mauvaise. Celle d(
Scbreber, dessinée par Ihle d’après un animal vivant, est un peu meilleure
A o û t, 181g.
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