E l
BIM
àWi
L’ASSAPAN.
C EST sous le nom impropre de polatouche que Ruffon a parlé de cet animal
originaire de l’Amérique septentrionale, tandis que le polatouche, proprement
dit, est du nord de l’ancien continent, et que c’est des Russes qu’il a reçu ce
nom, ou plutôt celui de polatouka.
Afin de ne point propager davantage cette erreur, reconnue au reste depuis
bien long-temps, j’ai rendu au polatouche de Buffon un des noms qu’au rapport
de Jean de Laet, il portait chez les Indiens de Virginie; seulement j’en ai
retranché la terminaison k k , trop étrangère à notre langue pour être conservée.
■ Jugeant de ses rapports d’organisation par sa physionomie, on a vulgairement
donne a lAssapan, comme au polatouche, le nom d’écureuil-volant; et en effet
les écureuils ont, avec ces animaux, un si grand nombre de points de ressem-
blance, que les naturalistes eux-mêmes les ont constamment réunis.
L’Assapan a les mêmes dents que les écureuils, cinq de chaque côté à la
mâchoire supérieure, et quatre à l’inférieure. Les plus grandes de ces dents présentent
deux crêtes transversales obtuses qui se réunissent au bord interne de
la couronne, et la partagent par un sillon plus ou moins profond suivant que
ces crêtes sont plus ou moins usées. La première dent supérieure n’est qu’un
petit tubercule qui tombe souvent; les trois suivantes sont à-peu-près d’égale
grandeur, et la dernière, un peu plus petite qu’elles, est à-peu-près triangulaire.
A la mâchoire inférieure, la première dent a cette forme triangulaire; lès trois
autres sont semblables aux trois d’égale grandeur de la mâchoire opposée. Les
incisives sont coniques et pointues. Les pieds de devant ont quatre doigts armés
d’ongles très-aigus et un rudiment de pouce caché dans la peau , avec un ongle
plat à 1 extérieur; ceux de derrière en ont cinq, quatre à trois phalanges, et le
pouce à deux seulement. Les deux doigts du milieu, aux pieds de devant, sont
égaux et les plus longs ; les deux autres, également égaux, sont plus courts que
les deux précédents; les mêmes rapports existent entre les quatre doigts des pieds
de derrière; le pouce est le plus court de tous. On sait, d’ailleurs, que ces animaux
ont un os supplémentaire long et courbé, qui s’articule à la face externe
du carpe, et facilite l’extension de la membrane qui sert au vol. Celui-ci a pour
organe un développement de la peau des flancs qui s’étend des jambes de
devant aux jambes de derrière.
Excepté le sens de la vue et celui de l’ouïe, les autres sont assez obtus.
Loeil est remarquable par sa grandeur, sa convexité, et sa sensibilité extrême;
et l’oreille ne l’est pas moins par la grande surface de sa conque externe, la situation
et 1 étendue du canal auditif. Les narines sont ouvertes à l’extrémité du
museau, et sur les côtés d’un mufle nu; et elles dépassent de beaucoup les mâchoires;
la langue est douce, et la lèvre supérieure fendue; de longues moustaches
placées entre 1 oeil et 1 extrémité du museau forment sans doute un organe particulier
du toucher, outre les poils qui paraissent assez sensibles. La verge, cbez
le mâle, se dirige en arriéré, et les testicules sont dans un scrotum très-déve-
loppe ; 1 ouverture du vagin, chez la femelle, consiste en un orifice fort simple.