L’OURS POLAIRE.
I l est peu <jegenres de Mammifères plus naturels que eelui des Oms, et psr cote
sequent où les espèces soient plus difficiles à distinguer l’une de l’autre: aussi,
quoique 1 Ours polaire, connu depuis trés-Iong-temps, eût toujours reçu le nom
générique qui lu, convenait, on n’avait point établi ses caractères spécifiques, et
i restait incertain s’il devait être considéré comme une espèce distincte des
autres, ou seulement comme une variété albine de l’Ours brun. C’est à ce doute
quêtait arrivé Buffon (tom. XV, pag. ia8), n’ayant eu à examiner et à comparer
que ce qui avait ete dit sur cet animal par les voyageurs, avant que Collinson
lu, en eût envoyé une figure (Supp. tom. IU, pl. U ) . Alors seulement Buffon
jugea que cet Ours, par les formes de sa tête, se distinguait essentiellement de
lOurs brun, et Pallas (Spicil. Zool, fes. , i ) confirma ce jugement par l’étude
quil put faire dun jeune individu de cette espèce; depuis, l’Ours polaire fut
admis généralement, dans les Catalogues méthodiques, sous le nom spécifique
d Ursus Mantimus. En effet, quoique cet Ours ressemble à l’Ours brun par la
physionomie générale du corps et par les principaux détails d’organisation des
membres et des sens, il en diffère tellement par les formes de la tête et les
proportions du cou, que rien ne pourrait autoriser à les réunir dans une même
espèce. L’Ours brun a le museau séparé du front par une dépression profonde,
tandis que l’Ours polaire a ces deux parties de la tête presque sur |a même
ligne; chez le premier le chanfrein fait une ligne droite, et chez le second une
ligne courbe. Le front de l’Ours commun est arrondi, celui de l’Ours polaire
est plat; celui-ci a la tête étroite et le museau large, l’autre la tête large et le
museau étroit. D’une autre part, l’Ours polaire se caractérise encore par la longueur
de son corps, comparée à sa hauteur, par la longueur de son cou, par
le peu d’étendue de sa conque auditive, par la longueur de la plante de ses
pieds, qui fait, dit M. G. Cuvier, le sixième de la longueur du corps, tandis que
dans l’Ours brun il ne fait que le dixième; enfin, par la longueur et la finesse
de son pelage.
L’individu qui fait l’objet de cet article se trouvait à notre ménagerie en ijq 5 ;
il y avait été envoyé, avec un second, par le gouvernement d’alors, qui les
avait accjuis tous deux d’une ménagerie ambulante. Sa grandeur, de l’extrémité
du museau à la partie postérieure du corps, était d’environ 5 pieds 6 pouces;
mais, ayant toujours été tenu renfermé, il n’avait pas atteint la taille de son