MOUTONS A GROSSE QUEUE.
L es Moutons sont, après les chiens, les animaux domestiques qui ont éprouvé
le plus de variations; c’est que ce sont eux aussi qui nous ont accompagnés
dans toutes nos migrations, et qui se sont établis avec nous sur la plupart des
points de la terre. On a trouvé par-tout des Moutons dans l’ancien continent,
excepté vers les zones glaciales. L’Amérique, l’australe Asie, et les différents
archipels de la mer du Sud, ne les connaissaient point; ils ne les possèdent
que depuis que ces régions ont été découvertes par les Européens ; . c’est pourquoi
les races qui s’y trouvent aujourd’hui sont les mêmçs que celles de l’ancien
Monde, ou proviennent de différents mélanges de celles-ci. L’Europe, l’Asie
et l’Afrique peuvent donc seuls offrir des éléments purs à l’histoire si curieuse
de toutes les variations que l’espèce du Mouton a éprouvées, sous les différentes
influences auxquelles nous l’avons exposée. Ces variations se sont attachées à
la plupart des organes, mais principalement à quelques-uns, et ce sont ces
dernières qui servent en général à caractériser les races. Une de ces variations,
l’une des plus singulières-que nous présente la classe entière des mammifères,
est le développement en quelque sorte monstrueux de la queue, développement
qui 11’a lieu que dans celte seule> espèce, et qui se présente lui-même avec des
traits assez différents pour qu’on les ait fait servir à caractériser des races secondaires.
Ces différences de formes dans la queue ne sont pas toutefois les
seules au moyen desquelles on doive subdiviser ces Moutons, car il en est
qui, avec des queues de même forme, ont des laines fines ou grossières, des
têtes à chanfrein arqué ou concave, des proportions légères ou pesantes, des
cornes très-fortes, ou une absence complète de cet organe, etc., etc. Les deux
Moutons à grosse queue dont je donne la figure présentent quelques-unes
de ces différences. Leur organisation et leur naturel étaient ceux de tous les
Moutons, et j’en traiterai principalement en considérant ces animaux d’une
manière générale ; j’ai d’ailleurs déjà fait connaître leurs caractères génériques
en parlant du moufflon.
Celui qui est représenté de profil venait de Barbarie ; son chanfrein était très-
arqué, et ses oreilles, de médiocre grandeur, étaient pendantes, mais conservaient
le mouvement volontaire; il était revêtu d’une laine très - grossière et longue,
qui tombait en mèches épaisses; ses cornes avaient la direction, la forme et la
grosseur de celles du moufflon; sa queue, descendant jusqu’aux jarrets, était
renflée sur les côtés par une accumulation de graisse dans le tissu cellulaire ;