M a n g o u s t e paraît être, d’après R u m p h iu s , K a e m p f e r , V a l e n t in , etc., etc., le nom
générique de ces animaux, dans tçutes les Indes orientales. C’est d’ailleurs aussi
sous ce nom, traduit en Malabar par K e r i - P o u l l é , que M. L e c h e n a u l t nous a
envoyé plusieurs dépouilles de cette espèce.
Voici les proportions de l’animal que nous avons fait représenter :
La longueur de son corps, du bout du museau à l’origine de la queue, est de » pieds. 11 pouces. » lignes.
— de sa queue................................................................................................. 1
de son museau, du bout du nez au devant de l’oreille, » 2 ®
Sa hauteur à la partie la plus élevée du d o s , .......................................................... » 5 4
Ces mesures ont été prises sur l’animal en repos, et dans l’attitude où il est
dessiné; car la faculté qu’ont les M angoustes de s’allonger ou de se raccourcir
est telle, que la nôtre s’étend quelquefois jusqu’à quatorze pouces, et d’autres
fois se réduit à huit; ces animaux sont habituellement allongés, la tête au niveau
du dos; c’est-à-dire dans l’attitude ordinaire des Fouines et des Putois.
Cette M a n g o u s t e a six incisives à chaque mâchoire, et deux canines. La
mâchoire supérieure a trois fausses molaires , la carnassière et deux tuberculeuses
et l’inférieure n’a qu’une tuberculeuse de moins, mais sa carnassière est
remarquable par deux tubercules qui se sont développés à sa face interne.
Les pieds ont cinq doigts, le pouce est très-court, et sans utilité pour l’animal.
Tous ces doigts sont armés d’ongles forts et crochus; la plante des pieds est nue
et revêtue d’une peau très-douce et délicate. L’oeil a une prunelle longue transversalement,
et il n’a, d’ailleurs, aucun autre caractère particulier; le nez dépasse
de beaucoup la mâchoire inférieure, sans cependant avoir la faculté de
se mouvoir comme celui des Coatis, et les narines sont ouvertes au milieu
d’un muffle et se prolongent sur les côtés en une fente courbée en haut. La
conque de l’oreille est très-petite, arrondie, mais son ouverture est fort grande,
la langue est rude comme celle des chats. Enfin, on voit quelques moustaches
à la lèvre supérieure, et les poils externes sont très-rudes; quelques poils laineux
s’aperçoivent entre les premiers sur la peau. Les organes génitaux, qui
sont mâles, s’ouvrent dans la poche glanduleuse qui est commune aux espèces
de ce genre , et où communique aussi l’anus.
Elle n’appuie jamais que l’extrémité des doigts de devant sur le sol, lorsqu’elle
marche, et il en est ordinairement de même des pieds de derrière; quelquefois
cependant elle s’appuie sur le tarse entier. Son odorat et son ouïe sont les
deux sens dont elle fait le plus d’usage. Elle boit en lapant, et elle presse sa
proie contre terre, comme les chiens, pour la dévorer. Sa voix ressemblait quelquefois
à un croassement, et elle devenait assez aiguë et soutenue, lorsqu’elle
éprouvait vivement le désir de s’emparer de sa proie.
La couleur générale de cet animal est d’un gris sale, qui résulte des anneaux
noirs et blancs-jaunâtres qui recouvrent les poils. Le tour de l’oeil, l’oreille et l’extrémité
du museau sont nus et violâtres. Le jaune est un peu plus pur dans les
poils du dessous du cou, et le noir moins foncé aux parties inférieures du corps,
ce qui les rend un peu plus pâles que les supérieures. Les pattes nont que
des poils courts, assez rases à leur face interne, et la peau est d’une couleur
de chair qu, aune teinte lie de vin. La queue est de la même couleur que le
corps, tres-grosse a son origine, et se terminant en pointe par des poils iaù-
natres. L 1 i j
Cette M a n g o u s t e , qui est extrêmement apprivoisée, et qu’on peut prendre
et manier comme on veut, qui paraît même se plaire aux caresses qu’on lui
donne, redevient dune grande férocité pour .tous les petits animaux qui peuvent
servir a sa nourriture. Ce sont les oiseaux sur-tout qu’elle paraît aimer davantage
: lorsquon en met quelques-uns dans sa cage, qui est très-grande, et où ils
peuvent voler aisément, elle s’élance, et en un instant, par des mouvements si
rapides que loeil ne peut les suivre, elle les saisit, leur brise la tête, et, lorsqu’elle
.' est ainsi assurée qu ils ne lui échapperont plus, elle les mange avec une grande
voracité; des quelle est repue, elle se couche dans le coin le plus obscur
de son réduit. Dans la colère, tous les poils de sa queue se hérissent, de
maniéré a devenir perpendiculaires à son axe; alors cette queue est très-grosse
et lout-a-fait ronde comme celle des Renards. Sa propreté est extrême; elle
passe beaucoup de temps à lustrer son pelage, et elle va toujours se vider dans
lendroit de sa cage le plus éloigné de celui qu’elle a choisi pour son gîte.
M. L e ch en a u l t nous apprend que ces animaux habitent aux Indes les trous
des murailles, ou de petits terriers dans le voisinage des habitations, où ils
causent des ravages semblables à ceux des Putois chez nous.
yJvril 181g.