Du reste le Patas a l’organisation des autres Guenons; il ressemble de tous
points au Malbrouck par les organes des sens et de la manducation, par ceux
du mouvement et par ceux de la génération, c’est-à-dire qu’il appartient à leur
genre. Aussi je ne répéterai pas ce que j’ai dit de ces organes en donnant la
description du Malbrouck, devant d’ailleurs en traiter encore dans mon discours
général sur les Guenons.
J’ai possédé deux individus de cette espèce, et tous deux, quoique jeunes,
étaient déjà méchants; ils montraient l’emportement, le caprice, et l’înaflfection
des Guenons ; mais ils annonçaient aussi toute la pénétration de ces animaux.
L’un était mâle et l’autre femelle ; ils étaient du même âge et se ressemblaient
entièrement.
Cette belle espèce de singe est connue depuis long-temps, et la couleur particulière
qui le distingue n’a pas permis qu’il devînt un sujet d’erreur en synonymie.
On a toujours pu le reconnaître aisément ; toutefois quoiqu’il ne paraisse
pas très-rare, il n’a pas été souvent représenté ni décrit. Prosper Alpin (Rerum
Ægjptiarum, lib. IV, fol. 4 )> en donne une assez_bonne description, qui a souvent
été copiée, et une fort mauvaise figure; et depuis, le Patas n’avait plus été
représenté, ni peut-être même décrit, jusqu’à Buffon, qui a de nouveau fourni
l’histoire de ce singe à .tous les naturalistes qui sont venus après lui. La figure
dessinée par Desève est assez incorrecte: la physionomie de l’animal n’y est point
conservée. Depuis, Schreber en a donné une autre figure, incorrecte aussi, mais
dans laquelle on reconnaît mieux ce singe que dans celle de Desève ; on a cependant
eu le tort de donner à cet animal des moustaches véritables, formées de
longs poils détachés de la lèvre, au lieu de n’avoir représenté ces moustaches
que par la seule couleur noire des poils très-ras qui revêtent cette partie de la
face. Le Patas est le Simia rubra des auteurs systématiques.
A v ril 1820.