LE SAJOU CORNU MÂLE.
B r i s s o n paraît être le premier auteur qui ait fait connaître cet animal auquel
il donna le nom de Sapajou cornu : il l’avait vu vivant, et. en possédait les
dépouilles, dont il donna une bonne description (Régne animal, pag. iq5). Ce
fut de là que Linnæus établit cette espèce, dans son Systema Naturoe, sous le
nom de Fatuellus, et qu’elle passa dans tous les ouvrages du même genre : dans
Gmelin, Exleben, Pennant, Schreber, etc.
On ne possédait rien de plus sur le Sajou cornu, lorsque Buffon en donna
une figure, dans le dernier volume de ses Suppléments (tom. VII, pl. 29), faite,
suivant toute apparence, d’après une peau desséchée; et c’est aussi d’après de
simples dépouilles qu’Audebert a dessiné celle qu’on lui doit. C’est le Sajou
cornu de Buffon qu’on retrouve dans Schreber, fig. 27 bis, et dans Shaw, pl. 28.
La figure que nous publions aujourd’hui est donc la première qui ait été faite
sur un individu vivant; et la comparaison de cet animal avec les Sajous gris et
bruns, le Saï et le Saï à gorge blanche, que nous possédions vivants dans le même
temps que lui, nous porte à penser, contre l’opinion de quelques naturalistes,
que ce Singe constitue une espèce particulière, tout en conservant les traits distinctifs
de sa famille, jusque dans ses caractères spécifiques.
Le Sajou cornu acquiert une plus grande taille que les autres Sajous. Celui
que nous avons sous les yeux a des dimensions sensiblement plus fortes qu’un
Saï du même âge qui se trouve à câté de lui; mais ils ont l’un et l’autre les
mêmes proportions. Le premier est d’un brun de suie presque noir sur la tête et
êux membres, et plus pâle sur les épaules et les bras; des poils blancs garnissent
ses joues, et s’étendent en ligne fort étroite jusque sous le menton. Toutes les
parues nues sont violâtres, et il en est de même de la peau recouverte par le
pelage; les poils du front, au lieu de se coucher en arriére, comme ceux de
la tête, se relèvent verticalement, et forment un bandeau terminé à ses deux
extrémités par un bouquet ou aigrette de poils beaucoup plus longs que les
autres, et qui a donné fieu au nom spécifique que cet animal a reçu. Toutes les
parties inférieures du corps sont beaucoup moins garnies de poils que les supérieures,
et celles-ci sont encore beaucoup plus velues en hiver qu’en été. Alors
es cornes s’agrandissent, les poils des joues s’accroissent, et tout l’animal augmente
tellement de volume, qu’il en est, en quelque sorte, défiguré. Les cornes