LE BOUC DE CACHEMIRE.
C e t t e variété de Boucs domestiques, à ce que nous croyons, n’a point encore
été vue en France; c’est même la première fois quelle est représentée. L’individu
qui nous l’a fait connaître nous a été envoyé de Calcutta par MM. Diard et
Duvaucel, qui l’avaient obtenu de la ménagerie du gouverneur de l’Inde, où il
était né d’un bouc et d’une cbèvre envoyés directement de Cachemire au Bengale.
D’ailleurs il porte avec lui la preuve de son origine : sa laine a été reconnue
par une comparaison exacte, aussi fine que la plus belle tirée du Thibet. Cependant
il paraîtrait qu’il y a dans cette contrée plusieurs races de ces chèvres à laine
fine; il en a été envoyé une en Angleterre, qui diffère de la nôtre par des oreilles
beaucoup plus longues; mais les unes et les autres paraissent donner les mêmes
produits : c’est que la finesse de la laine est l’effet de l’influence du climat, qui a
été commune à toutes, et que le développement de la conque de l’oreille, et de
toute autre partie analogue, ne peut, dans aucun cas, provenir d’une influence
de cette nature.
Nous avons déjà eu souvent occasion de parler des deux espèces de poils que la
nature paraît avoir donnés à tous les mammifères terrestres; les uns qui sont
fins, crépus, généralement gris, et qui revêtent immédiatement la peau d’une
sorte de duvet plus ou moins épais, comme pour la préserver du froid et de
l’humidité; les autres plus gros, lisses, communément colorés, qui donnent leurs
couleurs à l’animal, et dans un grand nombre de cas semblent être un organe
du toucher.
Les uns et les autres sont généralement d’autant plus épais, que les animaux
sont exposés à une température plus froide; et il paraîtrait qjle les poils crépus
deviennent de plus en plus fins à mesure que le froid devient de plus en plus
sec. Cest ce poil crépu des chèvres de Cachemire qui rend ces animaux si précieux;
c est avec lui qu’on fait ces tissus si recherchés, et qui méritent tant en
effet de l’etre par la réunion des qualités qui les distinguent, et qu’aucun autre
tissu ne peut offrir.
L’événement nous apprendra si l’idée d’introduire dans notre économie agricole
cette variété de chèvres est une idée heureuse, et si nous sommes suffisamment
préparés pour qu’elle fructifie. Toujours est-il à remarquer qu’on n’a point encore
eu la pensée en Europe de tirer un parti utile de la laine que produisent la
plupart de ; nos chèvres domestiques, et qui, quoique moins fine que celle du
Thibet, aurait cependant donné des tissus infiniment plus beaux et plus doux
que la plus belle laine de nos mérinos. Au reste il ne faudra peut-être que l’intro