INTRODUCTION
L ’ h i s t o i r e naturelle a proprement pour objet les substances inorganiques qui constituent
notre globe, et les êtres vivans qui en peuplent la surface. Aucun d’eux
ne se présente à nous dans un état de simplicité absolue; tous se composent de
parties ( i) , qui, par leur réunion dans des proportions diverses*, donnent naissance
à cette variétég infinie de formes, de qualités et de mouvemens qu’ofíre à
notre admiration l’étude de l’univers.
Les rapports qui unissent ces êtres, les phénomènes qu’ils manifestent, nous
présentent les conditions de l’existence du monde ; et c’est dans les rapports qui
lient entre elles leurs parties, et dans les phénomènes qui résultent de l’action de
ces parties, que nous trouvons les conditions de l’existence de chacun d’eux.
Cette différente manière d’envisager les êtres, ou dans leur harmonie générale,
ou dans l’harmonie de leurs parties, constitue les deux branches principales
entre lesquelles se partage pour nous toute la science de la nature, et c’est à la
première qu’appartient plus particulièrement le nom d’histoire naturelle , laquelle
se divise en zoologie, en botanique et en minéralogie.
Tous les êtres animés sont du domaine de la zoologie ; ils forment différens em-
branchemens suivant leur organisation; et c’est à leur tête que se trouvent les mammifères
: l’étude des espèces de cette première division, dans leur état d’intégrité,
forme donc leur histoire naturelle ; celle de leurs parties forme l’anatomie ou la
physiologie, suivant qu’elle a pour objet leur structure, leurs rapports, ou leurs
fonctions matérielles ; et elle forme la psychologie, lorsqu'elle s’applique aux fonctions
intellectuelles. L’Histoire-natureUe-des Mammifères se propose conséquem-
ment deux problèmes : i°. les rapports qui existent entre ces animaux; 20. le rôle
qu’ils jouent dans l’économie générale de la nature, c’est-à-dire, leurs rapports
avec les autres êtres.
L’un et l’autre de ces problèmes suppose la réunion des êtres qui peuvent en
donner la solution ; et la méthode est le premier besoin d’une étude dans laquelle
des objets si nombreux sont offerts à nos sens et à nos méditations. Comment sans
(1) Par ce mot je n’entends pas seulement les parties matérielles, mais tout ce qui peut être distingue dans un être
quelconque et considéré séparément par l’intelligence.