4 LE L IO N DE BARBARIE.
époque est très-dangereuse pour ces animaux. C’est alors que sont morts presque
tous les jeunes Lions nés dans noire ménagerie, c’est-à-dire dix, sans compter
ceux de la première portée, qui n’arrivèrent pas à terme.
Ces détails , qui ne consistent que dans la simple exposition des faits qui
se sont passés sous nos yeux, complètent en grande partie 1 histoire du Lion.
C’est pendant les années 1801, 1802, i 8o3, qu’ils nous ont été offerts, et dès-
lors il ne nous a plus été possible de réunir un Lion à une Lionne, quelques
soins que nous ayons pris pour cela, ce qui tendrait à confirmer ce quont rapporté
les Anciens , que ces animaux vivent en monogamie. Il y a quelques
années que, possédant un Lion et une Lionne très-doux, nous les plaçâmes
dans deux loges contiguës , en leur donnant les moyens de se rapprocher et
de se voir sans se nuire : un grillage les séparait. Dès que nous les crûmes familiarisés
l’un avec l’autre, et que la Lionne manifesta les besoins du rut,
ce grillage fut enlevé, et la femelle s’approcha du maie avec tous les témoignages
de la bienveillance; celui-ci , au contraire, s éloigna delle, et, comme
elle continuait à s’approcher, il l’attaqua avec colère , la renversa, et paraissait
devoir la blesser grièvement; mais celle-ci, qui était une des plus
belles Lionnes qu’on pût voir, ne fut pas plutôt revenue de sa surprise,
qu’elle se jeta à son tour sur le Lion , le terrassa, et le tint sous elle avec
tant de force, que dès ce moment il se regarda comme vaincu et perdit
toute confiance dans ses forces; sa crainte alla meme au point, que les prévenances
de la femelle, qui reprit toute sa douceur dès que son premier mouvement
de colère fut passé, ne purent l’appaiser, et quil se tint continuellement
retiré dans un coin de la ’ loge, tremblant que la punition qu’il avait
reçue ne se renouvelât. Le temps ne diminuant rien de ce sentiment, 011
fut enfin obligé de séparer ces animaux.
Le Lion dont nous donnons la figure mourut à l’âge de dix ans. La Lionne
vit encore ; sa santé ne s’est pas plus altérée que sa douceur ; mais elle a
perdu presque entièrement la vue par l’opacité du crystallin , maladie fréquente
dans nos ménageries d’animaux féroces} à cause de l’humidité que les vices
de leur construction y entretiennent.
Le Lion de Barbarie a si souvent été représenté, que nous croyons inutile
de rappeler les figures qui en existent. Nous ne devons pas non plus parler
de sa synonymie. On n’a jamais cessé de voir le Lion en Europe, et lôn 11a
point cessé non plus de lui appliquer le même nom.
Nous n’entrons pas dans plusieurs détails , qu’on trouvera mieux exprimés
que nous ne pourrions le faire, dans les articles de MM. de Lacépede et G.
Cuvier , sur le Lion et la Lionne dont nous venons de parler , insérés dans
l’ouvrage sur la Ménagerie que nous avons déjà rappelé plus haut.
N. B. La Lionne paraîtra dans la i2.me livraison, et les Lionceaux dans la i 3.
O ctobre, 1819.
I
kl
1