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LE SER V A L .
L es espèces du genre'chat, à pelage tacheté de noir, sur un fond plus ou
moins gris ou jaunâtre, paraissent être si nombreuses, et la plupart ont été si
imparfaitement caractérisées, et se ressemblent tant, qu’il serait impossible au-
jourdhui avec les seuls secours de la science , de les distinguer nettement
lune de 1 autre; ce n’est que par des observations nouvelles, faites avec beaucoup
de soins, qu’on parviendra à détruire la confusion qui règne encore entre
elles. Il importe donc de donner des descriptions très-détaillées, de ces chats,
toutes les fois même qu’il ne restera que des doutes légers sur l’espèce à laquelle
ils appartiennent. D’un autre côté, la connaissance des contrées dont les animaux
sont originaires, aidant aussi à décider de l’identité ou de la non-identité
des especes qui ne différeraient.point .par des caractères très-importants, on
ne saurait apporter trop de soin à les déterminer exactement ; mais c’est une
attention qu il n’est pas toujours aisé d’avoir.
Ces réflexions se présentent naturellement à l’esprit chaque fois qu’on doit
faire connaître une de ces petites espèces de chats à pelage tacheté, et nous en
avons encore reconnu la justesse, lorsque nous avons eu à donner un nom
despece a l’individu que nous nous proposons de décrire ici. Le père V in c e n t -
M a r ie rapporte que les Portugais de l’Inde appellent S e r v a l un animal un peu
plus gros que le chat sauvage qui ressemble à la panthère par les couleurs du
pelage, etc. B u f f o n (t. XIII.) ayant eu à décrire un chat tacheté de la ména-
gerie du Roi, dont il ne connaissait pas l’origine; crut le reconnaître dans
la description du père V i n c e n t -M a r i e , et lui donna le nom de Serval; M G
C u v i e r (Ménagerie du Muséum d’Histoire naturelle), ayant également eu à
décrire une petite espèce de chat tacheté, qui vivait à la ménagerie du Muséum
dhistoire naturelle, et dont l’origine était inconnue, trouva assez de ressemblance
entre cet animal et celui de B u f f o n , pour lui donner aussi ce nom de
S e r v a l . Enfin M. d’A z a r a crut reconnaître dans le S e r v a l de M. G . C u v ie r
un petit chat tacheté d’Amérique qu’il décrit en partie dans sesvoyages, tom. II,
pag. 171, sous le-nom de Mbaracaya.
Cependant la description que D a u b e n t o n donne du S e r v a l de B u f f o n , et celle
que nous devons à d ’A z a r a du Mbarcwaja, sont loin de se rapporter assez exactement
entre elles et à celle du S e r v a l de M. G . C u v i e r , pour que nous puissions
les regarder comme appartenant à une seule et même espèce. D a u b e n t o n parle
de taches grises que n’a point ce,dernier S e r v a l , et il ne dit rien des lignés
du dessus de la tète et du cou de cet animal, si remarquables et si caractéris