entièrement par les couleurs. Tous deux avaient la face couleur de chair, ainsi
que la plante des pieds et la paume des mains; et un tubercule saillant se trouvait
sur leur front-, entre les yeux. Leur tête était noire ainsi que les côtés et le dessous
du cou. Tout le teste d<u corps, le dos-, lies codés, le ventre, la pot traie,
la face extérieure et intérieure des membres étaient d’un gris-foncé-jaunâtre,
provenant de poils qui formaient, par leur disposition, comme des ondes, sur
toutes ces parties. La queue était couverte d’anneaux alternativement noirs et
gris-clair; enfin toute l’oreille était entourée d’une touffe de poils blancs roides
et longs, qui tranchaient fortement sur les poils noirs de la tête, et qui donnaient
à l’animal, vu de face, une physionomie très-particulière.
Tout le reste de l’organisation de ces Ouistitis était semblable à celle du mari-
kina, que nous avons fait connaître en décrivant cet animal; ils avaient les
mêmes organes du mouvement, les mêmes sens., et les mêmes dents; mais les
Ouistitis paraissent avoir un caractère qui les distingue du marikina, dans les
organes de la génération. Chez le mâle et chez la femelle, ces organes sont
entourés d’une partie charnue, dénuée de poils, et couverte de petits tubercules
qui semblent être produits par un appareil glanduleux, d’une nature particulière
; le vagin est ouvert au milieu de cet appareil où se trouve aussi la verge.
Le jeune Ouistiti différait des adultes par ses formes générales, et par ses
couleurs : sa tête était beaucoup plus grosse à proportion du corps, et sur-tout
de la partie postérieure restée fort petite; et tout son pelage était d’un gris presque
noir très-uniforme. On ne voyait encore aucune trace de poils blancs aux
oreilles; mais la queue était déjà couverte d’anneaux blancs e t gris. Ce jeune
animal n’a pas vécu assez long-temps pour donner lieu à de nombreuses observations
: vers les derniers temps de sa vie, lorsque son père se trouvait
fatigué de le porter, n’étant plus reçu par sa mère, il montait jusqu’au haut
de sa cage; arrivé là, et ne pouvant plus descendre, il jetait un cri de détresse
qui réveillait quelquefois la sollicitude de ses parents; alors ils allaient à son
secours, mais le plus souvent ils restaient sourds à ses plaintes, et il aurait
été forcé de se laisser tomber si on n’avait pas eu soin de prévenir sa chute
en lui tendant une main secourable. Dès qu’il fut tout-à-fait abandonné, on
essaya de l’allaiter artificiellement; il but; mais il lui fallait d’autres soins encore,
sa santé s’altéra, et il mourut bientôt.
Nos Ouistitis adultes n’ont jamais montré une grande intelligence. Très-défiants,
ils étaient assez attentifs à ce qui se passait autour d’eux, et on^aurait
pu leur croire de la pénétration à n’en juger que par leurs grands yeux toujours
en mouvement, et par la vivacité de leurs regards. Cependant ils distinguaient
peu les personnes, se méfiaient de toutes, et menaçaient indiïféremment
de leur morsure celles qui les nourrissaient et celles qu’ils voyaient pour la
première fois. Peu susceptibles d’affection, ils l’étaient beaucoup de colère; la
moindre contrariété les irritait, et lorsque la crainte s’emparait d’eux, ils
fuyaient se cacher en jetant un petit cri court, mais pénétrant; d’autres fois,
et sans motifs apparents, ils poussaient un sifflement aigu quils prolongeaient
singulièrement sur le même ton. Ils avaient besoin de déposer souvent de
l’urine goutte à goutte, et ils le faisaient toujours au même endroit, en sac-
croupissant. Leurs mouvements n’avaient pas une très-grande vivacité, et ils
étaient peu agiles; ce n’était pas sans précautions qu’ils montaient et descendaient
dans leur cage; à cet égard les écureuils, qui me paraissent d’ailleurs
avoir avec eux beaucoup de rapports, leur sont bien supérieurs, et ils ne
sont pas loin de les égaler pour l’intelligence.
Cette espèce de quadrumane qui est répandue dans les contrées chaudes
des deux Amériques, qui supporte assez bien nos climats, et dont les formes,
comme les couleurs, sont assez agréables à la vue, est une de celles que l’on’
rapporte le plus fréquemment en Europe, aussi est-elle des mieux connues.
Depuis Clusius, qui en fit graver une figure grossière, mais reconnaissable sous
le nom de sagouin, jusqu’à celle qu’Audebert en a publiée, le Ouistiti n’apeut-
etre donne heu à aucune erreur de synonymie; mais cet animal paraît être sujet
à quelques variations dans les couleurs du pelage; ce n’est peut-être qu’après
l’état adulte que les favoris blancs des oreilles se développent; il pourrait même
arriver, si ce caractère a des liaisons avec les organes de la reproduction, qu’il
ne se montrât qu’imparfaitement ou même point du tout, dans le cas où ces
organes auraient quelques vices de conformation; alors il faudrait rendre ces
variétés à leur espèce véritable de laquelle on a dû jusqu’à-présent les séparer,
aucune observation ne permettant de penser qu’elles lui appartinssent.
Les meilleures figures qu’on en ait sont celles d’Edwards, qui les désigna sous
le nom de sanglins, de Buffon, et d’Audebert; c’est celle de Buffon que Schreber
a copiée. Les auteurs systématiques lui ont donné différents noms. C’est le singe
musqué de Brisson, le simiajaccus de Linnæus, le sagouin de Ray et de Klein,ïe
stnated monkej de Pennant, etc., etc.
Voici les principales dimensions des Ouistitis dont je viens de parler.
IND IV ID U ADULTE.
Longueur du corps, de l’occiput à l’origine de la queue 6 pouces 6 lignes
— de la tète'............... a Q
— de la queue. • | j 0
IN D IV ID U J E U N E .
Longueur du corps, de l’occiput à l’origine de la queue a pouces 6 lignes.
— de la tête .............................................................................. j 3
— de la queue................................................................................ 3 . .
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