menton et du cou, la poitrine, le ventre, le dessous de la queue et toutes les
autres parties inférieures du corps sont blonds. Au-devant des oreilles, à leur
base et sur les joues, au-dessous des yeux, on voit un reilet noirâtre, et derrière
les oreilles tous les poils sont noirs. La face basanée est presque nue depuis
les sourcils jusqu’à la bouche* on n’y voit que quelques poils longs et noirs. Les
oreilles et l’intérieur des mains sont nus et de la couleur de la face, ainsi que
les callosités des fesses. Dans toutes les parties inférieures du corps les poils
sont très-rares* mais le pelage est très-fourni dans les supérieures, et il ne se
compose que de poils soyeux.
Le Maimon dont je donne la figure est de la grandeur d’un Chien de moyenne
taille * il a i 3 pouces 4 lignes du derrière de la tête aux fesses * sa tête a
5 pouces 4 lignes, et sa queue 5 pouces * sa hauteur est de i 3 pouces environ.
Toutes les autres parties de son organisation, c’est-à-dire ses sens, ses organes
du mouvement et ceux de la mastication, sont semblables à celles des Macaques*
mais je ne puis encore dire si le gland de la verge du mâle est simple ou lobé.
Les mâles et les femelles se ressemblent pour les couleurs* les jeunes sont d’un
ton plus doré que les adultes.
Les Maimons, comme tous les autres Macaques, montrent assez de douceur et
de docilité lorsqu’ils sont jeunes, et deviennent extrêmement méchants dés qu’ils
avancent en âge* seulement les femelles conservent toujours un caractère plus
traitable que les mâles. Celle que nous avons eue était quelquefois attachée à un
arbre, auquel elle montait avec beaucoup d’adresse et de facilité, et elle se plaisait
à en arracher les feuilles quoiqu’elle ne les mangeât pas. Ordinairement elle se
plaçait sur une enfourchure où elle restait tant qu’elle était attachée* mais elle
dénouait avec beaucoup d’adresse la corde qui la retenait, et alors elle courait
visiter les maisons du voisinage : jamais cependant elle ne cherchait à nuire * et
si elle ne se laissait pas toujours reprendre volontiers, c’était du moins toujours
sans une grande résistance. Les enfants seuls excitaient son humeur, et elle le
leur montrait en prenant une posture et en faisant une grimace très-bizarres :
accroupie, les jambes très-rapprochées l’une de l’autre, le cou tendu horizontalement,
elle avançait ses lèvres en les serrant fortement, et transformait ainsi sa
bouche en une sorte de bec mince et large. Chaque mois elle entrait en rut, et
cet état se manifestait par des phénomènes particuliers. Dans son état ordinaire,
sa vulve était entourée d’une large surface nue d’une forme trop compliquée
pour être décrite, et revêtue d’une peau basanée que de nombreuses rides
recouvraient. Dés les premiers moments du rut, le sang s’accumulait dans cette
partie, et finissait, au bout de quelques jours, par la remplir entièrement, et
par distendre, comme par une sorte d’érection, et en la colorant, la peau
flasque et lâche dont elle était revêtue* bientôt après des traces de sang se montraient
au dehors, et produisaient une véritable menstruation. Lorsque le rut
était arrivé à ce point, le gonflement des parties environnantes de la vulve diminuait
graduellement, le sang rentrait petit à petit dans la circulation générale,
et tout revenait dans l’état ordinaire.
Cette femelle fut réunie à un mâle méchant jusqu’à la férocité, mais qui ne le
fut point pour elle. Ils s’accouplèrent à la manière ordinaire des quadrupèdes,
et leur union, qui se répétait à de courts intervalles, durait à peine quelques
secondes. La femelle en fut bientôt fatiguée* et comme le mâle la tourmentait
beaucoup, on les sépara, et ils ne furent plus rapprochés qu’aux époques du rut.
La dernière de ces époques se montra vers les premiers jours de décembre 1806
et l’accouplement eut fréquemment lieu du 10 au i 5, après lesquels ces animaux
furent séparés. Dès lors le rut ne reparut plus* et après sept mois et vingt jours
la femelle mit au monde un petit qui paraissait être à terme, mais qui avait
perdu la vie en naissant. Ce jeune Maimon ressemblait presque entièrement à sa
mère : le fond de sa couleur était blond-jaunâtre, et l’on voyait très-distinctement
le noir de la tête et du dos.
Edwards nous apprend que ces Singes viennent de Sumatra. Il est le premier
auteur qui ait donné la figure de cette espèce d’après un individu vivant.
(Glanures, tab. 214.) Mais cette figure est celle d’un très-jeune animal, et elle
ne donne point une idée de la physionomie de l’espèce. Celle du Maimon de
Buffon (Hist. Nat. t. XIV), aussi faite d’après un individu vivant et très-jeune,
a le même inconvénient, quoique préférable à celle d’Edwards. Quant à celle
d’Audebert, elle ne représente qu’un animal empaillé. Linnéus a fait de ce
Singe son Sonia Nemestrina, et c’est ce nom que porte le Singe à queue de
cochon dans les Catalogues méthodiques.
A oû t 1820.