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LE ZEBU FEMELLE.
U ne des vérités les plus propres à faire admirer la puissance de la nature,
et qui des premières a frappé les esprits attentifs, c’est que tous les animaux
pourvus de parties solides, revêtues à l’extérieur par les organes des mouvements,
les muscles, ont été construits sur un plan uniforme, et que les différences
infinies, quelque importantes qu’elles paraissent, qui les caractérisent et
les distinguent, ne consistent en réalité que dans quelques modifications de
forme, ou dans quelques transpositions de parties.
Jusqu à présent cette vérité ne résultait encore que d’un examen général
des organes ; elle avait été aperçue par l’esprit, et n’avait point été démontrée
rigoureusement. Les différences qui s’observaient dans les détails avaient
besoin dêtre expliquées et ramenées au principe commun; et c’est ce travail
important que M. Geoffroy Saint-Hilaire a entrepris, et qu’il a étendu jusqu’aux
animaux, dont les parties solides, les points d’appui, sont à l’extérieur, et dont
les muscles, c’est-à-dire les forces, sont à l’intérieur, comme on peut le voir
dans sa Philosophie anatomique ; et dans les autres mémoires qu’il a publiés sur
cet intéressant sujet.
Mais 1 unité de plan, dans la création des mammifères, ne se montrerait pas
seulement dans la comparaison de leur organisation générale, et dans la ressemblance
des différentes parties qui les constituent, il trouverait encore des
preuves dans les effets des influences accidentelles sur ces animaux; ainsi les
maladies propres a une famille naturelle se retrouvent à-peu-près les mêmes
chez toutes les especes, et les modifications organiques propres aux unes sont
presque constamment propres aux autres, seulement chaque espèce présente
ces modifications avec des caractères particuliers, sans doute parce qu’elle en
a de tels elle-même. La famille des ruminants offre déjà un exemple de la
ressemblance de ces effets des circonstances fortuites par un genre de modifications
qui paraît lui etre particulier. C’est une monstrueuse accumulation
de graisse dans quelque partie extérieure du corps. En effet les bosses des
Dromadaires et des Chameaux ne sont que des dépôts graisseux dans un ou
dans deux points du tissu cellulaire de la peau du dos ; la proéminence qui se
trouve de chaque côté des hanches du Gnou ne sont également qu’un dépôt
graisseux ; la difformité, quelquefois si monstrueuse, qui caractérise les Moutons
à grosse queue n’a aussi que la graisse pour cause; il en est encore de même
de l’élévation que l’on remarque sur le garrot du Bison et sur le dos de quelques
Jacks; et c’est également une accumulation de graisse qui produit l’espèce
de loupe de la variété du Boeuf, que l’on connaît plus particulièrement sous le
nom de Zébu.