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LE JAGUAR MÂLE.
C e n’est pas depuis long-temps que cette grande et belle espèce de Chat de
lAmérique méridionale est exactement connue, quoique depuis long-temps les
voyageurs en aient donné des descriptions et même des figures ; mais les unes
et les autres étaient si imparfaites, qu’on ne pouvait en tirer aucune idée juste.
Aussi Buffon, qm sut toujours appliquer les noms étrangers avec tant de bonheur,
fit-il un emploi inexact de celui de Jaguar; et jusqu’au moment où M. Geof&oy-
Saint-Hilaire donna les caractères de l’animal auquel ce nom appartient véritablement,
par comparaison avec ceux de la Panthère, on varia dans l’application
qu’on en fit; le plus souvent on confondit ces deux espèces d’animaux; et la
Panthère n’était pas elle-même bien distinguée du Léopard. Cependant, comme
l'angine du Jaguar de M. Geoffroy n’était pas certaine, il restait encore des doutes
sur l’exactitude du nom qu’il avait reçu. L’ouvrage de M. Dazara sur les quadrupèdes
du Paraguay détruisit entièrement ces doutes, par la description détaillée
quil donna de la peau de l’animal qui porte au Paraguay le nom de Yagua, ou
plutôt de Yaguarété, et qui est évidemment Je la même espèce que le Jaguar de
de M. Geoffroy, et que celui qui fait l’objet de cet article. Plus tard, la figure
de l’individu décrit par M. Geoffi-oy a été publiée dans l’Atlas du voyage de
M. Dazara, quoique ce savant Espagnol n’eût point vu cette espèce vivante, et
que le sujet de sa description n’eût été qu’une simple peau, circonstances qu’il
importe de faire connaître, pour qu’on sache bien que cette figure et cette description
n’ont pas eu le même individu pour objet, et que l’une a été faite à
Paris, tandis que l’autre a été faite en Amérique.
Le Jaguar que je me propose de décrire ici est le second individu de cette
espèce que notre Ménagerie ait possédé. Le premier lui avait été donné par
M“ Joséphine Bonaparte; elle tient le second de la générosité de M. Boucherot.
Ces animaux avaient l’un et l’autre le caractère le plus doux; ils aimaient à
recevoir des caresses et à lécher les mains. Leur naturel était celui du Chat
domestique : comme lui ils jouaient avec tous les objets propres à être roulés,
et les mouvements de leur corps, la vivacité de leurs regards, leurs coups de
pate, annonçaient la plus grande adresse. Dans l’état sauvage, ils paraissent être
extrêmement féroces et très-dangereux pour les voyageurs. M. Dazara (Hist. Nat.
des Animaux du Paraguay) rappelle avec détail ce qu’il a appris à ce sujet, et
son récit ajoutera plusieurs traits importants à l’histoire de cette grande espèce