q u i é t a i e n t r é u n i s à d e u x a u t r e s M a k i s f e m e l l e s , d o n t l a t ê t e é t a i t e n t i è r em e n t
d ’u n g r i s - f o n c é , e t q u ’o n d o n n a i t p o u r l e s f em e l l e s d e s p r em i e r s . L a b o n n e i n t
e l l i g e n c e d a n s l a q u e l l e Ces a n im a u x V i v a ie n t , e t m êm e l e s d é s i r s q u ’i l s m a n i f
e s t a i e n t , n e s u f f i s a i e n t p a s p o u r f a i r é a d m e t t r e q u ’ e n e f f e t , d e s a n im a u x t r è s -
d i f f é r e n t s d e c o u l e u r a p p a r t e n a i e n t à la m êm e e s p è c e ; m a i s l e u r a c c o u p le m e n t
p e rm i t b i e n t ô t d e l e c o n j e c t u r e r , e t i l n e f u t p lu s p o s s i b l e d ’é l e v e r à c e s u je t
a u c u n d o u t e l o r s q u ’o n v i t q u e la f em e l l e a v a i t c o n ç u . A in s i i l e s t b i e n é t a b l i
q u e , d a n s c e t t e e s p è c e , l e m â l e d i f f è r e d e l a f e m e l l e , c e q u i e x i s t e p e u t - ê t r e
p o u r t o u t e s l e s e s p è c e s d u g e n r e .
Le M a k i à front blanc mâle, est à toutes les parties supérieures du corps, à
la face externe des membres , au premier tiers de la queue, d’un brun-marron,
doré lorsque la lumière vient obliquement; tes parties inférieures et la face interne
des membres sont d’un brun-gris-olivâtre ; les deux derniers tiers de la
queue sont noirs; la partie antérieure de la tête, jusqu’aux oreilles, les côtés
des joues et le dessous de la mâchoire inférieure sont blancs. La face et les
paumes des quatre mains sont d’un noir-violâtre , et le cercle de l’iris est
orange.
La femelle ne diffère du mâle pour les couleurs qu’en ce que les parties qui
sont blanches chez celui-ci sont chez elle d’un gris-foncé. Le reste du pelage est
également d’un marron-doré, mais un peu plus jaune.
Cet animal avait d’ailleurs la même organisation que le Mongous décrit
dans la précédente livraison , il lui ressemblait en tout point par la nature
du pelage, et par les organes des sensations, des mouvements et de la génération;
placés'à côté l’un de l’autre, j’ai pu les comparer'dans le plus grand
détail, et je n’ai trouvé entre eux aucune différence appréciable; et il en
était de même pour toutes les habitudes du corps, pour l’emploi des sens,
des membres, et pour les facultés intellectuelles ; c’est pourquoi je ne répéterai
pas ce que j’ai déjà dit sur ces différents sujets à l’article du Mongous.
Ce fut dans le mois de décembre 1817 que ces animaux parurent éprouver
pour la première fois les besoins du rut. Le mâle entrait souvent en érection,
et ses testicules paraissaient couverts d’une matière glutineuse. La femelle
avait toutes les parties génitales très-gonflées et humides, mais non pas sanguinolentes:
-son rut n’a point été accompagné de menstruation; et tous deux
cherchaient à chaque instant à frotter contre les parois de leur cage, la peau
plissée qui entoureleur anus. L’accouplement se fit le a3, à la manière de
tous les autres quadrupèdes, et il se répéta souvent depuis, pendant cinq à six
jours, après lesquels les désirs de l’un et de l’autre parurent calmés. Au bout de
quarante jours environ, on vit les mamelles de la femelle se gonfler, et son
ventre grossir, et le i3 d’avril suivant elle mit bas un petit femelle, qui avait
sa couleur, mais des poils très-courts, et les yeux étaient ouverts. Dès le moment
où il fut au monde il s’attacha à sa mère avec ses quatre pattes, en travers du
ventre, au-dessus des cuisses, qu’elle reployait contre elle-même, comme pour
le cacher; et lorsqu’il voulait téter il allongeait son cou pour aller chercher
la mamelle, qui, comme nous l’avons dit, est sous l’aisselle. Ce nétait quavec
beaucoup de patience que dans les premiers temps on parvenait à le découvrir;
outre qu’il s’enfonçait dans le pelage épais de sa mère, celle-ci présentait
toüjours le dos aux personnes qui la regardaient, quelque familiarisée qu’elle
fût avec elles , et ce n’a été qu’après plusieurs semaines qu’on a pu l’observer
exactement. A sa naissance, il avait les mêmes proportions que ses parents, et
sa taille était à-peu-près celle d’un petit rat; bientôt les poils se développèrent,
et après six semaines, excepté par la taille, il ne différait plus en rien de sa mère.
Cette femelle, avant la naissance de son petit, était extrêmement douce et familière:
on ne s’approchait point d’elle qu’elle ne vînt aussitôt chercher des caresses
et lécher les mains; mais dès que son petit fut né, elle devint défiante, s’éloigna
de tout le monde, et même elle menaçait dès qu’on l’approchait. Cette défiance
s’est affaiblie par degré et sa première familiarité est revenue lorsque ses soins
n’ont plus été nécessaires à son petit, c’est-à-dire vers le troisième mois;
jusque-la ces animaux ne s’étaient point séparés, ou si ce petit se hasardait
à se détacher de sa mère, au moindre bruit il retournait se cacher entre son
ventre et ses cuisses. Dès que la femelle fut prête à mettre^bas, on fit passer
son maie dans une autre cage; car on ignore si ces animaux vivent en société,
et si les maies partagent avec les femelles les soins de la famille : dans le cas
ou il nen serait pas ainsi, le mâle aurait pu nuire au petit que nous avions
tant d intérêt à conserver.
C est a-peu-près vers la cinquième ou sixième semaine qu’on a vu ce jeune
M a k i goûter aux aliments qu’on plaçait dans sa cage, et son allaitement a cessé
vers le sixième mois. Aujourd’hui, cet animal est séparé de sa mère, qui a de
nouveau été réunie à son mâle.
La différence qui existe dans cette espèce, entre la couleur du mâle et celle
de la femelle, ne permet guère de lui conserver le nom qu’elle a reçu, et qui
lui convenait sans doute lorsque le mâle seul était connu ; nous lui aurions
donné celui de M oh o t , auquel répondaient les individus qui ont fait l’objet de
cet article, si nous n’avions pas cru devoir garder jusqu’à l’établissement certain*
de cette espèce, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’elle eût été observée dans un plus grand
nombre d’individus encore, celui qui caractérisait le seul individu qu’on en connût-
Février 18x9.