faiblesse extrême; et sa gueule ne peut lui être d’aucun secours pour sa
défense. Cest un animal paisible, doué de fort peu d’intelligence et que
l’on connaît encore trop peu sous cè rapport pour qu’on puisse en parler
avec quelques détails.
Les pieds de derrière du Kanguroo géant semblent au premier aspect n’avoir
que trois doigts ; mais ils en ont réellement quatre ; seulement les deux
doigts de la face interne, qui sont très-petits et très-courts, sont réunis sous
la peau et ne montrent au dehors que leurs ongles également très-petits.
Les deux autres doigts, dont l’interne est très-long et l’.externe très-court, sont
armés d’ongles épais et forts avec lequel l’animal cherche quelquefois à frapper:
c’est la seule arme défensive qu’il paraisse avoir. Les mains ont cinq doigts
garnis d’ongles très-longs et qui seraient propres à fouir.
Les organes de la mastication ne sont pas moins remarquables que ceux
du mouvement. Les incisives inférieures sont deux dents longues et larges,
pointues et tranchantes sur leurs bords , qui sont couchées en avant et
presque sur la même ligne que les mâchoires. Les incisives supérieures sont
au nombre de six, les deux du milieu plus grandes que les autres et pointues;
il n’y a point de canines. Ils ont cinq molaires de chaque côté des deux^mâ-
choires; la première est longue, tranchante et dentelee, et tombe avec lâge;
les autres à-peu-près d’égale grandeur sont divisées par des colines transverses.
Les yeux sont simples et la pupille ronde; le nez est ouvert sur les côtés d un
muffle ; la lèvre supérieure est fendue et la langue douce ; la conque externe
des oreilles est grande et simple , et les organes de la génération sont semblables
à ceux des autres didelphes, si non que leur verge n!est pas fourchue;
mais les femelles donnent naissance prématurément à leurs petits qui
se développent , attachés aux mamelles , dans une poche abdominale. Des
moustaches noires garnissent les lèvres. Cette espèce est entièrement d’un brun-
sale ; seulement on voit quelques poils blanchâtres derrière les jambes et derrière
les bras, les pieds et les mains sont gris, et l’extrémité de la queue est
noire. Les poils qui composent ce pelage sont principalement laineux ; quelques
poils laineux noirâtres paraissent seulement entre les autres; les premiers
sont longs et assez doux ; mais non point propres à faire des pelleteries.
Les individus que notre ménagerie a possèdes avaient été ramenés en Europe
par l’expédition aux Terres australes du capitaine Baudin ; ils ne restèrent en
notre possession que quelques jours, et furent envoyés à la Malmaison où
ils produisirent; malheureusement on ne fit'alors sur eux aucune observation.
On assure qu’ils donnent une bonne nourriture , et comme ils se reproduisent
en Europe on pourrait les y naturaliser utilement. On dit encore que ces
animaux vivent en troupes,1 conduits par les vieux mâles.
Presque tous les voyages à la Nouvelle-Hollande contiennent quelques notes
sur cet animal. Shaw en donne une figure passable ; c’est son Macropus major.
Scbreber en donne une autre, pl. i 54, qui est très-inexacte pour les couleuis
et sur-tout pour le dessin des pieds de derrière. '
Octobre , 1819.