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 LE  PHOQUE  COMMUN. 
 L e s   Phoques  sont  généralement  des  animaux  très-peu  connus  ,  et  celui  dont  
 nous  donnons  la  figure,  quoiqu’habitant  de  nos  mers,  ne  l’est  guères  plus  que  
 ceux  qu’on  ne  rencontre  que  dans  les  parages  les  plus  éloignés.  Les  meilleures  
 observations  qui  aient  été  faites  sur  le Phoque  commun  ou  Veau  marin,  sont  
 celles  de  M. Lepechin  ( Nov. Comment.  A.  S.  Petropolit.  T.  11  ,  p.  287  ).  Toutefois  
 les  hautes  qualités  intellectuelles  de  cet  animal  avaient  déjà  été  appréciées  
 par  les Anciens.  Diodore, Pline, Ælien,  en  parlent  avec quelques  détails,  et tous  
 les  voyageurs  et  les  naturalistes  qui  ont  traité  des  Phoques depuis  la  renaissance  
 de  1 histoire  naturelle  en  Europe  ,  en  rapportent  de  nouvelles  preuves.  Malgré  
 les  faits nombreux qu’on  connaissait,  il  n’était  cependant pas  encore  possible  
 d’établir  les  rapports  qui  existent  entre  l’entendement  et  l’organisation  de  ces  
 animaux,  point  important  sans  lequel  la  nature  morale  d’aucun  être  intelligent  
 ne  peut  être  appréciée.  C’est  principalement  dans  la  vue  de  remplir  cette  lacune  
 ,  que  j’ai  observé  trois  Phoques  que  notre  ménagerie  a  possédé  et  dont  
 je  donne  ici  deux  figures.  Ces  animaux  étaient  très-jeunes  et  différaient  peu  
 par  leur  taille.  Ils  avaient  trois  pieds, du  bout  du  museau  à  l’extrémité  des  
 pattes  de  derrière  ;  la  tête  avait,  de  l’occiput  au  bout  du  museau,  6  pouces  8  
 lignes. Lorsqu’ils  sortaient  de  l’eau  ils  n’avaient  pas  les  mêmes  couleurs que  lorsqu’ils  
 étaient  secs.  Dans  le  premier  cas  les  taches  noirâtres  du dos. étaient beaucoup  
 plus  visibles  que  dans  le  second;  et  le  fond  du  pelage,  gris  dans  l’un,  
 était  dans  l’autre  d’un  jaune  foncé.  Les  taches  noires  étaient  plus  ou  moins  
 étendues  ,  suivant  les  individus ,  et  le  dessous  du  corps  plus  ou  moins  pâle  
 que  la  partie  supérieure;  mais  chez  tous,  les  taches  se  réunissaient  le  long  
 de  l’épine  et  formaient  une  large  ligne  dorsale  qui  s’étendait  de  la  partie  postérieure  
 de  la  tête  jusqu’à  la  queue.  L’individu  fauve  avait  en  outre  sur  le  cou  
 une  tache  noire  en  forme  de  croissant,  qui  se  voyait  très-distinctement  dans  
 quelque  état  que  fut  1 animal  ;  et  sa  tête  était  continuellement  entourée  d’un  
 cercle  de  poils  huilés,  qui  annonçaient  dans  ces  parties  la  présence  d’un  organe  
 glanduleux  particulier.  Je  suppose  que  ces  différences  tenaient  à  la  différence  
 des  sexes,  les  individus  gris  étant  des  femelles  et  le  fauve  étant  un  
 mâle. 
 Les  poils  sont  tous  soyeux,  plats,  pointus,  durs,  très-serrés  lès  uns  contre  
 les  autres  ,  et  leur  longueur  surpasse  à  peine  six  ou  sept  pouces.  La  peau  
 sécrète  en  outre  une  matière  grasse  qui  contribue  aussi  à  garantir  l’animal  
 des  effets  de  l’humidité. 
 Les  Phoques,  comme  on  sait,  ont  cinq  doigts  libres  aux  pieds  de  devant  
 et  cinq  à  ceux  de  derrière  :  ceux-ci  sont  réunis  par  une  membrane  qui  en