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LE MARIKINA.
C e joli petit animal a souvent été apporté en Europe. Ses formes élégantes,
ses mouvements faciles et gracieux, la belle couleur de son pelage, sa pro-
prêté, 1 expression pleine d intelligence qui anime ses regards, sa voix douce,
et sur-tout l’attachement qu’il montre à ceux qui le soignent, l’ont toujours fait
rechercher avec empressement. Sans avoir la pétulance et la lubricité des singes,
il en a toute la gentillesse et toute la vivacité. C’est qu’il se rapproche à quelques
égards des singes d’Amérique, proprement dits, ,des Sajous, et qu’il s’en
éloigne à quelques autres; mais nous ferons plus particulièrement connaître ses
rapports dans ce que nous aurons de général à dire du genre auquel il appartient,
celui des Sagouins; nous nous bornerons ici à décrire ses organes extérieurs
et à parler de son naturel et des observations particulières auxquelles
il a pu donner lieu.
Le Marikina , qui fait l’objet de cet article , avait été envoyé du Brésil à
M. Louis Guébhard, qui, en 1818, en fit don à la ménagerie du Roi. Ce pays
est en effet la patrie des Marikinas ; c’est pourquoi on ne parvient à les conserver
en France quen les garantissant, avec beaucoup de soin, de l’intempérie
de nos saisons, et sur-tout du froid et de l’humidité de nos hivers; ils
demandent aussi a etre tenus tres-proprement; la moindre saleté les fait souffrir, et
bientôt ils perdent leur gaieté, dépérissent, et meurent de tristesse et de dégoût.
En général, ce sont des animaux fort délicats; outre les difficultés qu’on éprouve
pour leur procurer une nourriture convenable, ils ne s’accoutument point à
vivre seuls, et la solitude leur est d’autant plus fatale, qu’ils sont d’ailleurs
traités avec plus d affection et de soin. Le moyen le plus sûr de les faire vivre,
cest de les réunir à d’autres individus de leur espèce, et sur-tout de sexe différent.
Ce qui flatte le plus leur goût, ce sont les insectes et les fruits doux,
et ils s habituent assez bien a vivre de lait, de biscuit, etc. On ne connaît guère
leur genre de vie dans l’état de nature : il est à croire qu’il ressemble beaucoup
à celui des écureuils, et que les Marikinas se tiennent habituellement sur les
arbres, dont 1 épais feuillage, dans les climats qu’ils habitent, leur offre toujours
un abri sur; et si l’on pouvait conclure d’un animal en esclavage à un animal
en liberté, on jugerait que ces Sagouins n’ont point, comme les écureuils, de
gîte fixe, de nid particulier auquel ils reviennent lorsqu’ils ont besoin de repos;
car tous les animaux qu i, dans leur état de nature, ont une retraite choisie, sont
oués d un instinct qui les porte à la maintenir toujours extrêmement propre.
Le Marikina que nous avons possédé, 11’avait point cette qualité précieuse, ou
bien il lavait perdue par l’effet de l’esclavage, qui; presque toujours, nuit au
développement ou à l’exercice des penchants naturels. Ces penchants l’excitaient