FEMME DE RACE BOSCHISMANNE.
PAR M. G. CUYIER.
I l n’est rien de plus célèbre en histoire naturelle que le tablier des Hotten-
totes, et en même temps il n’est rien qui ait été l’objet de plus nombreuses
contestations. Long-temps les uns en ont entièrement nié l’existence, d’autres
ont prétendu que c’était une production de l’art et du caprice; et parmi ceux qui
l’ont regardé comme une conformation naturelle, il y a eu autant d’opinions que
d’auteurs, sur la partie des organes de la femme dont il faisait le développement.
Feu Péron, qu’une mort prématurée a sitôt enlevé à la zoologie, dont il
paraissait destiné à reculer Tes limites plus qu’aucun autre voyageur, avait lu,
quelque temps avant sa mort, un mémoire qui n’a pas été imprimé, à l’Académie
des Sciences, et dont M. Freycinet a donné un extrait dans le second
tome de la Relation du Voyage aux Terres australes. Le sujet y est présenté
sous un jour entièrement nouveau. Selon l’auteur, le tablier n’existe pas dans
les Hottentotes proprement dites. C’est un caractère particulier à la nation des
Boschismans, peuple plus reculé que les Hottentots dans l’intérieur des terres- il
disparaît même par le croisement avec les vrais Hottentots; au contraire, les
femmes boschismannes l’ont toutes, et dès l’enfance; seulement il s’allonge plus ou
moins avec l’âge. Ces mêmes femmes se font encore toutes remarquer par des
fesses excessivement proéminentes. Ce singulier voile, enfin, n’est le développement
daueune des autres parties, mais c’est un organe spécial surajouté par
la nature, etc.
Telles sont les propositions que Péron cherche à établir, et qu’il paraît avoir
puisées principalement dans les récits du général Jansens, dont nous parlerons
bientôt.
Cette distinction des Boschismannes et des vraies Hottentotes expliquerait fort
bien les contradictions des voyageurs, dont les uns auraient attribué mal à propos
aux Hottentotes une conformation observée seulement sur quelques étrangères
qui se trouvaient, par accident, au Cap; tandis que les autres, ne voyant rien
de semblable dans les femmes du pays, regardaient comme absolument fabuleuse
une chose qui n’est réelle que dans des circonstances déterminées.
Il faut avouer cependant que l’existence d’une nation particulière des Boschismans
est un fait qui n’a pas toujours été admis dans l’opinion commune.