2 L’ASSAPAN.
Toutes les parties supérieures du corps de cet animal sont d’un brun-grisatre;
à la tête le gris domine, et le brun sur le dos et les flancs. Ces couleurs résultent
de poils noirs dans leur plus grande longueur, et bruns-jaunâtres à
leurs pointes. Toutes les parties inférieures sont du blanc le plus pur et séparées
des autres sur les flancs par une ligne noire. Le dessous de la queue est
gris-cendré très-clair. Tous ces poils sont d’une finesse extrême, plus courts sur
la tête et les extrémités, qu’aux autres parties. Ceux de la queue sont disposés
comme les barbes d’une plume, de chaque côté de son axe, ce qui la rend plate.
Voici les dimensions principales de l’AsSapan :
Longueur du corps, de l’occiput à l’origine de la qu e u e ,. . . 4 pouces o lignes.
— de l’occiput au bout du museau.............................................. 1 4
— de la queue • • ................ 4 5
C’est un animal faible et timide qui passe le jour caché dans son gitë, et ne
va que la nuit, soit pour pourvoir à sa nourriture, soit pour satisfaire à ses
autres besoins, et sur-tout à ceux de l’amour. Il se nourrit de graines et de
jeunes bourgeons, et il descend rarement a terre; il parcourt avec la plus grande
agilité les arbres, et s’élance de l’un à l’autre, quoiqu’ils soient éloignés, aidé
par les membranes des côtes de son corps qui le soutiennent en Pair, et lui
font décrire, en retardant sa chûte, une courbe bien plus prolongée que celle
qu’il aurait décrite par le même saut, s’il n’eût point été pourvu de ces organes.
Pour étendre ces membranes et en faire un parachute, il ecarte ses jambes de
son corps, et en cela il est secondé par des articulations d une mobilité
toute particulière. Lorsqu’il est effrayé, il jette un cri faible et doux, et laisse
échapper son urine. C’est un animal tout-a-fait inoffensif, et doue d assez peu
d’intelligence. Toutes ses ressources sont dans son extreme legereté et dans la
vie retirée qu’il mène. En général la nature ne prodigue rien; elle ne développe
les qualités de l’esprit, chez les animaux, que pour venir au secours des qualités
physiques; et lorsque celles-ci ont une certaine puissance, les autres restent
faibles.
Il est peu de voyageurs dans l’Amérique septentrionale qui n aient parlé de
l’Assapan, tantôt sous un nom, tantôt sous un autre; mais la plupart se sont attachés
à décrire ses couleurs, et sur-tout son espèce de vol, ainsi que les organes
au moyen desquels il se produit. Ils ont négligé d’étudier ses moeurs et de nous
faire connaître son histoire naturelle proprement dite; et l’on ne peut suppléer
à leur-silence en observant les Assapans en esclavage : continuellement cachés
dans leur nid pendant le jour, s’ils en sortent la nuit, ce n’est guère que pour
prendre quelque nourriture, et au moindre bruit, à la présence du moindre
objet étranger, ils rentrent bien vite au fond de leur retraite. Cependant je sais
qu’il y en a eu à la Malmaison, en 1809, qui ont fait des petits; mais étant sous
la garde d’un homme qui ne les a pas observés, on n’a rien pu tirer de la, pour
l’histoire de cette espèce, si ce n’est l’assurance qu’en réunissant, dans nos pays,
des mâles à des femelles, on pourra les voir se reproduire.
Catesby, Edwards, Buffon , en ont donné de bonnes figures; les deux premiers
sous le nom anglais jlying sauirel (écureuil -volant); et le second, comme nous
l’avons déjà dit, sous celui de polatouche. Schreber et Shaw en ont aussi
publié d’assez exactes. Pallas a, le premier, distingué, sous le nom de volucella,
l’Assapan du polatouche, auquel il a conservé celui de volans.
J u ille t 1819.