Sa couleur était en général d’un noir-verdâtre, plus pâle à la partie antérieure
des épaules et sur les flancs que le long du dos ; les poils étant gris à leur base,
et noirs ensuite avec quelques anneaux d’un jaune plus ou moins sale. Sa tête
avait plus de vert; sa face et ses oreilles étaient nues ainsi que la plante des
pieds et la paume des mains, et l’ou ne voyait que très-peu de pods à la face'
interne des bras et des cuisses; les doigts, aux pieds de derrière sur-tout, étaient
garnis de poils courts, rudes et noirs; la queue se terminait par une forte mèche
noire, et le cou était garni de poils très-longs qui formaient une sortç de crinière;
enfin les favoris, dirigés en arrière, étaient grisâtres. La peau des mains, de
la face et des oreilles, était d’un noir-violâtre; mais le tour des yeux avait une
teinte plus pâle, et la paupière supérieure était blanche comme celle du mangabey.
Les deux narines, étaient séparées en dessus-par une forte échancrure, la partie
supérieure et antérieure de la tête tout-à-fait aplatie, et les callosités des fesses
très-petites. Du reste, toute son organisation était celle des cynocéphales.
La ménagerie du Roi a possédé plusieurs Chacmas, d j tout âge et de tout sexe;
et ceux dont on a connu l’origine venaient du cap de Bonne-Espérance. Nous
avions reçu un mâle et une femelle de cette espèce, par l’expédition du capitaine
Baiidin, qui ont vécu fort long-temps. La femelle conserva toujours sa
douceur; elle entrait en rut chaque mois et avait des menstrues; alors ses parties
génitales éprouvaient un gonflement qui, à sa partie supérieure, représentait
une portion de sphère échancrée en-dessus, et qui s’allongeait en-dessous
après s’être rétréci subitement. Son cou n’était pas garni d.’une crinière comme
le cou du mâle, et en général, elle n’avait pas autant de poils. Le maie perdit
bientôt sa docilité. Un jour qu’il s’était échappé de sa loge, dans l’enceinte où i}i
était renfermé, son gardien l’ayant imprudemment menacé d’un bâton pour le
faire rentrer , il se jeta sur lui; et en un clin-d’oeil lui fit à la cuisse, avec ses fortes
canines, trois profondes blessures qui pénétrèrent jusqu’au fémur, et qui firent
long-temps craindre pour la vie de cet homme. On ne parvint à le renfermer
que par un subterfuge qui réussirait toujours sur de tels animaux, dans des cas
semblables. Son gardien avait une fille qui lui donnait souvent à manger et a
laquelle il témoignait une affection particulière ; elle se plaça du cote de la cage
de cet animal, opposé à la porte par laquelle il devait rentrer, et un homme fit
semblant de la flatter en s’approchant d’elle ; dès qu’il s’en aperçut, il jeta un en
furieux, et, pour se jeter sur celui qui excitait sa jalousie, il s’élança dans sa cage,
qui se referma à l’instant même.
Cette espèce est connue depuis long-temps; cependant les auteurs systématiques
ne l’avaient point admise jusqu’à ces derniers temps; Boddaert en a donné une
figure de face, sous le nom de Porccuia, assez inexactement dessinée, et dont la
queue est beaucoup 'trop courte; et M. Geoffroy-Saint-Hilaire l’a désignée sous le
nom de Comatus, par la considération de la crinière dont nous avons parle.
M. Vaillant en donne également une figure dans son deuxième Voyage au Cap; et
comme c’est sans doute de cette espèce dont Kolbe a parlé, et que les Hotten-
lots, suivant cet auteur, nomment Choak-Kama, j’ai cru devoir lui donner ce
nom dont j’ai seulement adouci la prononciation.
Juin 1819.